Diversification du tissu économique, amélioration de l’environnement et du cadre de vie, requalification sociale, … Dunkerque a su créer un renouveau territorial aussi bien dans l’évolution de ses pratiques de démocratie participative que dans le soutien à l’innovation et à la création d’entreprise. Dunkerque s’engage très tôt dans l’application du développement durable. En 1996, la ville signait la Charte d’Aalborg et recevait le prix européen des villes durables. En 2005, la ville se voit décerner le Ruban du Développement Durable et à ce jour, on ne compte plus les récompenses reçues pour ses multiples actions en faveur du recyclage, des énergies propres, des économies d’énergies, de la lutte contre l’exclusion et pour avoir institué une véritable gouvernance territoriale. Volontarisme et engagement caractérisent ainsi la démarche de développement durable de Dunkerque.
Gouverner autrement, au plus proche des habitants…
La démarche de développement durable initiée par Dunkerque se veut avant tout être un outil pour recréer des liens sociaux entre les populations. A l’arrivée de Michel Delebarre, la ville de Dunkerque, avec ces 72 000 habitants, a sa structure démocratique considérée comme pyramidale, hiérarchique et faisant preuve d’une inertie pesante. Redonner la parole aux habitants, organiser de véritables instances participatives, voici les bases du développement durable de Dunkerque : « Nous avons donné les moyens pour que les habitants puissent s’exprimer sur les projets proposés et inversement, ces instances sont une base pour que les habitants prennent en main leurs projets futurs » insiste J.P Benoît, charge de mission Agenda 21 à Dunkerque.
Ainsi, plusieurs mairies de quartiers ont donc ouvert leurs portes et sur chaque territoire de ces mairies, plusieurs maisons de quartiers ont été développées pour un meilleur service de proximité. L’idée est de pouvoir articuler les différents échelons de gouvernance de la ville, afin qu’un maximum de décisions soient prises au niveau de l’habitant. Cela permet de responsabiliser la population sur ces choix. Gérées par l’ADGES (L’Association Dunkerquoise de Gestion des Equipements Sociaux), elles sont directement financées par la ville et offrent une multitude de service à destination de toutes les générations. Ces Maisons de Quartier sont représentées par le Conseil des Maisons de Quartier (habitants et représentants des institutions publiques, présidé par un habitant élu). Le Conseil élabore des projets sur quatre ans validés ensuite par la ville, la Caisse d’Allocations Familiales et le Département.
A l’échelle de l’îlot (1000 à 5000 personnes) représenté par les Maisons de Quartiers, vient se superposer la dynamique des conseils communaux, composés de 31 délégués communaux. Ils organisent les différentes commissions thématiques et gèrent un budget propre d’environ 100 000€ par an, dont le Fond d’Initiative Quartier pour des aménagements spécifiques. Conseils communaux et Mairies de quartier travaillent en étroite collaboration. Chaque Mairie de Quartier accueille un personnel technique et administratif de 50 à 60 personnes dont 4 à 5 pour les Centres Communaux d’Action Sociale, qui ont servis de base pour la constitution des Maisons de Quartier. Le CCAS développe plusieurs projets en partenariat avec la Caisse d’Allocations Familiales, l’ANPE., …. C’est donc de véritables échelons intermédiaires de participation citoyenne qui ont été créés afin de redonner confiance au sein de la population mais aussi au sein des conseils communaux.
Axes prioritaires de la démarche
- Traduire les principes fondamentaux dans les faits :
- pour une ville de qualité
- pour une ville agréable à vivre
- pour la démocratie locale
- Education et épanouissement de l’enfant et de la jeunesse
- Santé, solidarité et emploi,
- La ville comme exemple de DD
Une volonté de management des services internes
Le projet d’Agenda 21 local a permis de recréer un véritable système de management des services municipaux, selon le principe que modes de management et culture professionnelle doivent susciter un débat le plus large possible afin de porter un nouveau regard sur les pratiques internes à la collectivité. Plusieurs actions ont ainsi émergé : diffusion du journal interne sur intranet, charte des messages électroniques, amélioration du service téléphonique, changement des ampoules en basse consommation. Un projet de service pour améliorer les pratiques internes avait vu le jour dans les années 1990, mais peu de fonctionnaires avaient alors intégré la démarche.
Portée par le Directeur général des Services Technique, la démarche d’Agenda 21 lancée en 2005 / 2006 a été vue par les services comme trop dirigiste et n’a pu encore aboutir à une vrai mobilisation en interne. Toutefois, certains services développent eux mêmes de nombreux projets, comme par exemple, la direction de l’Education qui développe des actions pour le tri des déchets, le recyclage et le commerce équitable. C’est donc sur la base du volontariat que la démarche de développement durable au sein des services se réalise.
La transversalité joue ici son rôle. Il n’y a, en effet, pas d’élus référents pour la démarche de développement durable. Chaque élu se doit d’articuler les principes du développement durable selon ses compétences et ses missions. Cela permet d’irriguer la démarche au sein de tous les services de la municipalité.
éléments d’analyse en matière de méthode (Cerdd & techniciens)
- une forte capacité à organiser les instances participatives (maisons de quartiers, conseils communaux, …)
- un affichage politique fort au regard du développement durable
- démarche évaluative à conforter : problèmes de remontée d’informations entre les services)
« Dunkerque intègre le développement durable au cœur de la ville depuis plus d’une décennie"
Ayant axé historiquement son économie autour du développement industrialo-portuaire, Dunkerque a connu une baisse progressive de ses activités, entraînant par la même une chute de l’emploi et une dévitalisation du tissu social. Ce contexte a néanmoins facilité l’intégration des principes du développement durable. En effet, la ville avait déjà mis en place plusieurs projets pour améliorer son cadre de vie, mobiliser les partenaires industriels à une sensibilisation à l’environnement. L’objectif principal est de pouvoir concilier production énergétique et protection de l’environnement.
Du fait de son environnement industriel, Dunkerque a très vite compris que les acteurs économiques et industriels du territoire doivent intégrer un processus de concertation et de mobilisation pour faire face aux enjeux liés au développement durable et au cadre de vie. Le Schéma d’Environnement Industriel constitue un véritable cahier des charges qui fixe les conditions d’aménagement et de gestion de la zone industrielle portuaire et ses interactions avec les collectivités, véritable promotion du site urbain, dans le respect de la qualité de la vie et du développement. Les initiatives sont nombreuses et historiques : dès 1976, Dunkerque inaugure le premier réseau de qualité de l’air, et en 1989, le premier projet de recyclage des déchets ménagers (triselec). En 1993, la municipalité institue le premier Conseil Local du Bruit et le Schéma de Développement Industriel, puis en 1996, la ville de Dunkerque signait la Charte d’Aalborg et s’engageait alors à continuer et à renforcer ces initiatives. En 1997, la gestion différenciée des espaces verts est adoptée par les services de la mairie. En 2005, la ville de Dunkerque obtient les Rubans du Développement Durable et s’engage alors dans une démarche de progrès haute Qualité Environnemental (HQE 21) avec l’aide du bureau d’étude Extra Muros. Mais cette démarche n’aboutira pas, car la mobilisation en interne ne prendra pas. Le processus sera revu afin d’améliorer la participation des agents.
Des engagements forts pour axés autour du développement d’une ville durable
La démarche s’articule autour de 7 engagements. Tout d’abord, une traduction des principes fondamentaux du développement durable dans la politique de la municipalité, la volonté de construire une ville de qualité et agréable à vivre, le développement de la démocratie locale, l’éducation l’épanouissement de l’enfant et de la jeunesse, la santé, la solidarité et l’emploi et enfin Dunkerque comme exemple en matière de développement durable.
On notera plusieurs initiatives remarquables telles que la mise en place d’un Plan Vert par une gestion différenciée des espaces verts, des actions de sensibilisation comme « les journées de l’arbre », l’aménagement des berges des canaux en promenade, la préservation des espaces naturels via le périmètre « Natura 2000 », des opérations « Nature en ville », l’élaboration d’un Plan Lumière, l’intégration des implantations publicitaires dans le paysage urbain, la mise en œuvre du Plan de Déplacement Urbain, le développement de l’efficacité énergétique des bâtiments (projet en cours pour l’installation solaire effective de production d’eau chaude dans les équipements municipaux), la réduction des déchets par le renforcement de la collecte sélective et la valorisation des déchets municipaux, une lutte contre les nuisances sonores (Conseil Local de Bruit), la promotion d’un habitat de qualité par l’accompagnement des bailleurs sociaux à l’intégration de la Haute Qualité Environnemental, des Opérations Programmées pour l’Amélioration de l’Habitat sur les différents quartiers de Dunkerque, la prévention des risques en mettant en œuvre les dispositions du Plan Local de Sécurité et une démarche de gestion des risques majeurs et des pollutions.
Hormis les instances démocratiques de proximité décrites ci-dessus, la démocratie locale est renforcée par la création d’un Conseil Municipal des Enfants depuis 1994, par des ateliers de travail urbain de Proximité (ATUP), des Ateliers de Vie de Quartiers (AVQ) et par des fêtes et animations ponctuelles. Le cinquième volet de la démarche concerne l’épanouissement de l’enfant. Plusieurs actions sont ainsi mises en place telles que le développement du Contrat Educatif Local pour une politique territorialisée étendue sur le thème de l’art pour permettre un meilleur accès aux loisirs et à la culture, le développement du festival de l’enfance et de la petite enfance ainsi qu’une restauration scolaire avec une exigence de traçabilité des aliments, de culture biologique et de commerce équitable, la mise en œuvre d’un Plan de Déplacement vers l’Ecole. La santé, l’emploi et la solidarité ne sont pas en reste et constituent le sixième volet de la démarche, avec la Maison de la Santé et de la Vie, ou encore la création d’un guichet unique avec un référent social pour chaque dossier et la création d’une Commission d’Action Sociale d’Urgence (CASU) pour la coordination des urgences.
La ville de Dunkerque veut montrer l’exemple à ses administrés. Une sensibilisation et une formation des élus et du personnel municipal au développement durable ainsi qu’une mise en œuvre d’une démarche Qualité « Iso 9001 version 2000 » ont été réalisées. Un Plan Energie Climat Territorial est en cours d’élaboration à l’échelle du bassin de vie. Le rôle de Dunkerque est d’impulser la démarche en tant que ville centre de la Communauté Urbaine.
éléments d’analyse en matière de contenu de l’A21 :
- avoir réalisé une relecture du programme politique au regard du développement durable,
- l’émergence de nombreux projets impulsés grâce aux instances de démocratie locale.
Innovations / Expériences : un zoom s’impose !
- adoption d’un Plan Climat Territorial
- création du référent social et du guichet unique,
- ouverture de la maison 3D (sensibilisation au développement durable)
- démarche ISO 9001 au sein des services.
Fiche du projet
- Action : Zoom sur l’Agenda 21 de Dunkerque en 2008
- Territoire : Ville de Dunkerque
- Porteur du projet : Ville de Dunkerque
Contacts techniques :
- Jean-Pierre Benoît, Charge de mission Développement Durable, Direction du développement
Calendrier :
- 1996 : date de lancement de la démarche
- 2000 : premier plan d’action
- 2005/2006 : relance de l’Agenda 21
Sur le terrain
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