Fraîcheur et biodiversité : vive la récré à l’école Montaigne de Saint-Omer !

Le changement climatique renforce le phénomène des îlots de chaleur urbains... et pas uniquement dans les villes du Sud de l'Europe ! Tous les pôles urbains font à présent face à un inconfort thermique plus marqué que dans les zones rurales. Par quoi commencer et qui associer pour en limiter les impacts ? Le projet européen Cool Towns, réunissant 14 partenaires issus de quatre pays du Nord de l’Europe (Angleterre, Belgique, Pays-Bas et France), vise à construire des outils partagés d’aide à la décision pour accompagner les territoires dans la réduction ce phénomène.  

Dans l’Audomarois, la Ville de Saint-Omer, l’Agence d’urbanisme et de développement (AUD) Pays de Saint-Omer et la Communauté d’Agglomération du Pays de Saint-Omer ont été parmi les partenaires français de ce programme, avec un projet pilote : le réaménagement d’une cour d’école et deux rues adjacentes, en concertation avec les usager·ères du site.

Lutter contre la chaleur étouffante en ville

De l’évolution des pratiques d’urbanisme résultent la multiplication des voies de circulation et de stationnement aux revêtements minéraux sombres, la canalisation de l’eau, l’extension des zones construites réduisant d’autant les surfaces laissées à la végétation et à l’eau. C’est ainsi que l’on constate un écart significatif de température entre les zones urbaines et les zones rurales. Le changement climatique et l’augmentation des épisodes de canicule accentuent l’inconfort ressenti en ville.

Réduire les îlots de chaleur urbains (ICU) contribue à la fois à l’atténuation et l’adaptation au changement climatique. En effet, désartificialiser les sols répond à deux enjeux : la végétalisation (puits de carbone) atténue les émissions de gaz à effet de serre responsables du changement climatique et apporte de l’ombre, source de fraîcheur en période de forte chaleur ; la perméabilisation du sol contribue à l’infiltration des eaux pluviales pour alimenter directement la nappe phréatique, limitant ainsi l’impact des périodes de sécheresse plus fréquentes.

La Ville de Saint-Omer n’a pas attendu le programme Cool Towns pour initier des actions autour de la nature en ville : elle encourage notamment les habitant·es à végétaliser l’espace public en leur octroyant un permis de végétaliser. Le projet européen vient donner une nouvelle ampleur aux initiatives dans l’Audomarois pour lutter contre les îlots de chaleur et développer la biodiversité en ville.

Le projet Cool Towns : une opportunité pour le passage à l’acte à Saint-Omer

La candidature au projet Cool Towns en 2018 a ainsi permis de réaliser un aménagement pilote dans un établissement scolaire. Celui-ci servira de modèle pour l’édition d’un carnet de préconisations et de recommandations : gestion de l’eau de pluie à la parcelle et réduction des îlots de chaleur urbains. Ce projet s’inscrit ainsi dans un vaste programme – qui a pris fin en 2022 – dont les enseignements permettront d’inspirer et d’outiller les porteur·euses de projet d’aménagement urbain ! L’objectif étant qu’ils·elles prennent en compte l’adaptation au changement climatique et en particulier la lutte contre les îlots de chaleur urbains.

Le levier financier représenté par le projet européen Cool Towns a été déterminant dans la prise de décision du territoire. En effet, les actions d’adaptation en faveur de la lutte contre les îlots de chaleur urbains n’apparaissaient pas comme prioritaires dans le Plan Climat Air Énergie Territorial 2020-2026 de la Communauté d’Agglomération du Pays de Saint-Omer (CAPSO). D’autre part, ce programme international donne une visibilité au projet qui renforce l’image de la CAPSO comme territoire engagé dans la transition écologique.

Un cas d’école pour une montée en compétence de tous les acteurs

Afin de favoriser la réussite de l’aménagement, l’Agence d’urbanisme et de développement du Pays de Saint-Omer a été missionnée pour accompagner le bureau d’études dans la conception du projet et suivre les travaux, en particulier sur le volet de l’écoulement des eaux pluviales. L’AUD a réalisé l’étude pré-opérationnelle avec le développement d’un premier plan de définition des usages de la cour d’école. Pour cela, elle a consulté les différents acteurs concernés : les enseignant·es qui ont complété un questionnaire et participé à des ateliers de concertation ; les habitant·es et les élu·es au travers des conseils de quartier et les services techniques de la ville.

Trois leviers ont été  identifiés pour lutter contre les îlots de chaleur : utiliser des revêtements clairs et poreux, végétaliser en créant des noues, planter des arbres fruitiers et des espèces diversifiées afin de déterminer lesquelles sont les mieux adaptées.

Dans la cour, tout le macadam a été enlevé et remplacé par de l’enrobé ocre et des pavés enherbés, des espaces verts avec des arbres fruitiers, des prairies fleuries…. Afin de limiter la consommation d’eau pour l’arrosage, des copeaux de bois fournis par les services techniques de la ville sont répandus autour des plantes et dans les cheminements en pleine terre. Les enfants se chargent à tour de rôle de balayer et les remettre à leur place !

Le choix a été fait de maintenir les arbres préexistants qui ne présentent pas de risques sanitaires pour les enfants. En plus de ces aménagements, des bacs pour faire des carrés potagers et des bancs favorisent l’agrément de la cour pour les élèves et l’appropriation équitable de l’espace par les filles et les garçons. Bien que la cour soit plus végétalisée qu’auparavant, elle représente moins d’entretien pour le service espace vert qui passe moins souvent.

Les attentes des acteurs concertés ont été prises en compte. Ainsi, les cercles dessinés au sol dans la cour de l’école ont été reproduits dans le nouvel aménagement car ils font partie des éléments utilisés par l’équipe enseignante en particulier pour la fête de l’école. Un préau utile en cas de pluie et qui permet la récupération d’eau de pluie, sert aussi de complément pour créer de l’ombre.

Un projet global construit petit à petit

Concernant les rues adjacentes à l’école, le revêtement a été remplacé par des pavés enherbés drainants. Des noues végétalisées, avec une diversité d’espèces, se substituent à des emplacements de stationnement. Les riverain·es sont satisfaits de la tranquillité apportée par ces nouveaux aménagements avec, de plus, la suppression de l’accès direct à l’école en voiture pour déposer les enfants. Ces aménagements, directement liés au programme Cool Towns, s’inscrivent dans la continuité du projet de rénovation urbaine retenu avec l’aménagement d’un jardin partagé : le jardin de Batistin (patron des jardiniers de l’Audomarois), une aire de jeux pour les enfants et un terrain de pétanque.

« Ce projet est pertinent en termes de co-bénéfices et offre une porte d’entrée pour développer d’autres aspects : la renaturation, la lutte contre les inondations, l’amélioration de la santé des plus vulnérables, l’agrément et le confort d’usage », souligne Philippe Bourel, urbaniste à l’AUD Pays de Saint-Omer.

Un tel projet prospectif a demandé aux intervenants d’avancer pas à pas. Le recours à un accord cadre a permis de poser les conditions de collaboration entre le bureau d’étude local missionné (Ingéo) et l’Agence d’urbanisme et de développement. Cela s’est traduit par un rythme soutenu d’échanges pour se former et construire une culture commune dans ce projet inédit.

Un premier essai réussi qui va transformer à terme toutes les écoles audomaroises

Le projet mené à l’école Montaigne servira de niveau de référence minimum à prendre en compte pour la réfection de l’ensemble des cours d’école de la CAPSO. Il va faire l’objet d’un suivi et sera mis à profit grâce aux études bioclimatiques, la feuille de route élaborée lors du projet, etc. L’Agence d’urbanisme s’est également appuyée sur une cartographie des enjeux climatiques (ICU) et socio-économiques (lieux de passage, population à risque…), un vrai plus apporté dans les projets de renaturation. Les liens et l’acculturation des acteurs lors de ce projet pilote faciliteront et accélèreront la mise en œuvre des nouveaux projets.

« Pour les projets futurs, il est prévu d’étendre la concertation aux élèves, cela contribuera à les rendre plus investis et responsables dans la préservation des aménagements extérieurs », complète Argantaël Beucherie, architecte à l’AUD.

En quoi cette initiative est bonne pour l’adaptation au changement climatique ?

Avec l’augmentation des températures, les centres-villes seront de plus en plus confrontés au phénomène d’îlots de chaleur urbains avec toutes ses conséquences : inconfort des usager·ères, impacts sur la santé humaine, espèces animales et végétales perturbées, etc. L’aménagement des espaces urbains et péri-urbains doit donc se réinventer de multiples manières : actions de végétalisation, matériaux bioclimatiques, analyse des usages… Le projet Cool Towns réunit de nombreux leviers propices à l’adaptation au changement climatique : la mutualisation de moyens et d’outils à la bonne échelle, des partenariats pertinents et permanents pour garantir la poursuite des actions, la concertation des usager·ères et leur engagement pour amplifier les effets des aménagements propices à la lutte contre les îlots de chaleur urbains.

Le projet en bref

Titre exact de l’opération : rénovation de la cour de l’école Montaigne et des rues adjacentes

Lieu/Échelle de l’action : l’école Montaigne, à Saint-Omer (62)

Identification du porteur de projet : Ville de Saint-Omer, CAPSO et Agence d’urbanisme et de développement du Pays de Saint-Omer

Contact :

Philippe Bourel et Argantaël Beucherie - +33 (0)3 21 38 01 62 – philippe-bourel@aud-stomer.fr et argantael-beucherie@aud-stomer.fr

Montant de l’opération : Travaux : 286 891,61 € HT
Études, MOE, SPS : 9 601,93 € HT
Frais personnel et frais administratifs : 61 145,58 € HT
Soit un coût global du projet : 357 639,12 € HT

Financement : FEDER : 196 197,52 € ; Subvention Agence de l’eau : 59 299,71 €

Partenariat : partenaires européens du Projet Cool Towns

Date de l’opération : étude démarrée fin 2020, séance de clôture en octobre 2022

Durée des travaux : 3 mois (début juillet 2021-fin septembre 2021)

Bénéficiaires/cibles de l’action : Les usager·ères de l’école, les riverain·es, les 500 personnes qui transitent chaque jour entre la gare et le centre-ville.

Projet visité lors de la journée mondiale de l’eau (Région) et lors de la Journée européenne du patrimoine (patrimoine durable)

Autres informations sur le projet :

>>> https://www.cooltowns.eu

>>> https://www.aud-stomer.fr/fr_FR/projets-europeens/cool-towns