VRAC : pour que chacun·e soit acteur·rice de son alimentation

L’association VRAC (Vers un Réseau d'Achat en Commun) Hauts-de-France est née en juillet 2021 grâce à la mobilisation de quatre bailleurs sociaux (SIA Habitat, Vilogia, LMH, 3F Notre logis). Elle rejoint ainsi le réseau VRAC né à Lyon il y a 8 ans, qui réunit aujourd’hui 13 associations locales. La mission de VRAC est de créer les conditions d'accès à une alimentation durable et de qualité pour les habitant·es des quartiers populaires.

L'association est, d’une part, mobilisée sur la lutte contre les inégalités sociales, économiques et de santé que subissent les habitant·es des quartiers populaires ; et d’autre part animée par la conviction que l’alimentation peut être un formidable levier de plaisir, mais aussi de dignité et de pouvoir d’agir, à condition qu’elle soit de qualité (elle peut aussi être source de frustration quotidienne et de mal-être lorsqu’elle est de mauvaise qualité).

"Nous nous reconnaissons dans le mouvement actuel de démocratie alimentaire qui défend une réappropriation citoyenne de l’ensemble du système alimentaire, et participons, au niveau national, au collectif pour une sécurité sociale de l'alimentation".

Qu'est-ce qu'une alimentation durable et de qualité ?

L'alimentation durable et de qualité renvoie :

• aux qualités intrinsèques de la nourriture que nous ingérons, qui se traduisent par de bonnes qualités nutritionnelles, une nourriture diversifiée et, évidemment, bonne au goût et génératrice de plaisir ;
• aux impacts sociaux, économiques et environnementaux de l’alimentation : transparence quant à son origine et ses conditions de production, rémunération juste des producteur·rices, impact environnemental faible voire nul ;
• enfin, chez VRAC on aime dire qu’une alimentation de qualité est avant tout une alimentation CHOISIE en pleine conscience, et non subie.

Dans les quartiers populaires et excentrés des grandes villes, l’accès à cette alimentation de qualité est plus difficile qu’ailleurs, en raison de la cumulation de freins de plusieurs ordres :

• freins économiques tout d’abord : les revenus modestes des habitant·es des quartiers ne leurs permettent pas de consommer une bonne partie des produits biologiques et/ou locaux vendus dans les lieux habituels de consommation que sont les supermarchés, qui continuent d’appliquer des marges très importantes sur ces produits (comme le démontre une enquête de l'UFC-Que choisir de 2017) ;
• freins géographiques ensuite : les alternatives qui se développent aujourd’hui pour développer les circuits courts à des prix plus ou moins accessibles (marchés de produits locaux, AMAP, etc.) ne se situent que très rarement dans les quartiers de la politique de la ville, là où vivent les habitant·es aux revenus les plus modestes ;
• freins sociologiques enfin : les images véhiculées par la publicité et les modes de consommation dominants continuent aujourd’hui d’associer le « fait maison », le « local », le « bio » à une population aisée et « bobo ». Il peut ainsi exister un sentiment d’illégitimité voire une certaine défiance vis-à-vis de l’alimentation durable telle qu’on l’a décrite plus haut.

Des actions concrètes au cœur des quartiers populaires

Fort de tous ces constats, VRAC s’attèle à mettre en œuvre des actions très concrètes, au cœur des quartiers populaires (principalement les quartiers relevant de « la politique de la ville »), pour que les habitant·es y soient maîtres de leurs choix de consommation.

Ces actions se déclinent en premier lieu dans le développement de groupements d’achats, car ils sont un outil efficace de réappropriation d’une consommation de qualité à prix modéré. Au sein d’un groupement d’achat, les habitant·es d’un même espace géographique (en l’occurrence le quartier) se réunissent pour commander ensemble des produits de leur choix, directement auprès de producteur·rices. Les groupements que VRAC accompagne fonctionnent selon les principes suivants :

• les produits vendus sont biologiques et/ou locaux, principalement secs et non ou peu transformés, vendus autant que possible en vrac (pâtes, riz, lentilles, pois chiches, farines, fruits secs, huile d’olive, miel, etc.). Selon les demandes des adhérent·es, des produits d’hygiène et d’entretien peuvent aussi être proposés ;
• les prix obtenus sont modérés grâce à la cumulation de plusieurs leviers : les prix sont ceux pratiqués par les producteur·rices pour la vente en gros, il n’y a pas de frais liés aux emballages, ni de charges liées à la tenue d’un local. En effet les groupements d’achats se déploient une fois par mois dans chaque quartier, sous la forme d’une épicerie éphémère, dans les locaux d’une structure relai : centre social, maison de quartier, etc. Cela a pour autre effet bénéfique de créer des dynamiques nouvelles au sein des quartiers sur la question alimentaire ;
• les habitant·es participent au fonctionnement des groupements (préparation des commandes, distributions, animations) ainsi qu’au choix des produits et au-delà à la vie associative de VRAC. Chaque adhérent·e peut proposer des produits qu’il·elle aimerait intégrer au groupement d’achat. Des initiatives locales dans le champ de l’artisanat peuvent par exemple trouver un débouché de vente au travers d’un groupement d’achat.
• les groupements d’achats sont ouverts à tous·tes sans demande de justificatif. Ils mêlent des usager·ères du quartier aux profils divers, réuni·es autour du simple fait de vouloir consommer des produits de qualité.

En complément de l’organisation de ces groupements d’achats, VRAC saisit toutes les occasions pour favoriser l’expression des mangeur·euses. À l’occasion d’une dégustation de produits, d’une animation de rue, d’un atelier ou encore d’un concours de cuisine, VRAC souhaite entendre et valoriser les habitant·es sur leur vécu vis-à-vis de la question alimentaire : ce qu’ils·elles aiment, ce qu’ils·elles savent faire, leurs désirs, leurs frustrations. VRAC organise également des visites de fermes des producteurs partenaires. C’est à ces endroits que l'association travaille en particulier sur les freins sociologiques de l’accès à une alimentation de qualité.

Six premiers groupements d'achat dans les Hauts-de-France en 2022

Dans la région des Hauts-de-France, VRAC va développer six premiers groupements d’achat en 2022 dans la métropole lilloise, avant un déploiement à travers d’autres territoires de la région, à partir de 2023, en réponse aux sollicitations qui émaneront des collectivités, des bailleurs sociaux ou encore des associations et citoyen·nes.

Pour en savoir plus :

>>> Visiter le site internet de VRAC Hauts-de-France

>>> Suivre VRAC sur Linkedin

>>> Écouter Boris Tavernier, le co-fondateur de VRAC, dans l'émission "Les bonnes choses" sur France culture.

Rédaction : Sandrine Forzy, coordinatrice VRAC Hauts-de-France