En conformité avec les objectifs fixés par le plan climat du Grand Douaisis, Roost-Warendin cherche à jumeler modernisation de ses bâtiments publics et préoccupations environnementales. Terrain d’application : le groupe scolaire Salengro... et quelques constructions voisines.
CONTEXTE et descriptif de l'action
Il était temps de s’y mettre : les briques du groupe scolaire Roger Salengro de Roost-Warendin accusaient le poids des ans, les vingt classes primaires et maternelles étaient dispersées dans plusieurs bâtiments, obligeant les quelque 500 élèves à de fréquents mouvements, l’équipe enseignante manquait de locaux administratifs et pédagogiques... Au début de la décennie, la commune et son premier magistrat, Lionel Courdavault (en photo), ont donc lancé une opération de restructuration (rénovation et extension) de l’établissement. Objectif : une "école du vingt-et-unième siècle" !. Et pour le maire, par ailleurs président du syndicat mixte du SCoT du Grand Douaisis, soucieux de prévenir le changement climatique, cette transformation devait, à l’évidence, comprendre un volet énergétique.
ANALYSE DE LA DÉMARCHE
Du conseil en énergie partagé
Pour commencer, Roost-Warendin a sollicité le "Conseil en énergie partagé", service fourni par le Plan Climat Territorial du SCoT du Grand Douaisis aux collectivités qui y adhèrent. Des techniciens thermiciens sont venus dresser un état de la consommation d’énergie des bâtiments publics de la commune, analyser les contrats de fourniture d’énergie et d’entretien des matériels et viser toutes les factures. Le rapport a confirmé que les écoles primaire et maternelle Salengro étaient énergivores et qu’une rénovation de haute qualité environnementale serait bienvenue, sur le plan financier comme sur le plan environnemental. C’est le choix qu’a fait la municipalité : le projet de l’architecte Olivier Chapel, mis en oeuvre depuis fin 2012, mise sur l’isolation des murs (intérieure, par fibre de bois et extérieure, par laine de roche) et de la toiture (par un composé de chanvre et de lin), associée à une ventilation double flux. Des brise-soleil et des éclairages avec détecteurs de présence sont aussi au programme.
Un réseau pour neuf bâtiments
Restait la question du chauffage... "Les experts du conseil en énergie partagé nous ont incités à réfléchir à une solution globale, incluant des bâtiments très proches du groupe scolaire : la mairie, la bibliothèque, la cantine, un centre médico-scolaire et les ateliers municipaux", rapporte Lionel Courdavault. Le bureau d’études TW Ingénierie a établi la faisabilité du projet : les neuf constructions, alimentées jusque là par sept chaudières individuelles, pouvaient être raccordées à un mini-réseau de chaleur. Et la source de ce réseau serait une chaudière biomasse, doublée d’une chaudière d’appoint au gaz. Résultats attendus de la transformation de l’école et de son nouveau mode de chauffage : une économie d’énergie de 33 % et une réduction de 67 % de ses émissions de gaz à effet de serre.
Vers une filière bois usagé
La chaufferie a été livrée à l’automne 2013 et a servi au cours de l’hiver dernier. La chaudière bois a une puissance de 250 kW. Sa voisine au gaz, qui répond aux appels de puissance des débuts de saisons et des périodes de grand froid, développe 600 kW. La biomasse utilisée est la plaquette forestière : du bois broyé provenant d’élagages mais dont la granulométrie et le taux d’humidité sont précis. A terme, la commune espère trouver dans son territoire les 200 tonnes de bois nécessaires chaque année. Une étude menée par le syndicat du SCoT et le parc naturel régional Scarpe-Escaut, en lien avec les intercommunalités, a révélé un gisement potentiel et la possibilité de créer une filière de valorisation de "bois usagé" dans le Douaisis. Le réseau de chaleur, quant à lui, mesure quelque 700 mètres ; le service de chaleur dans chaque bâtiment est assuré et régulé selon les besoins par des échangeurs à plaques. Les cheminées de la chaufferie sont équipées de filtres à particules (quoique le dispositif ne soit pas obligatoire). Les cendres (1 % du bois brûlé) servent de fertilisant pour les plantations communales.
Une saison de "calage"
L’investissement dans la chaufferie et son réseau s’élève à 550 000 €, dont 45 % couverts par des subventions de l’ADEME et du conseil régional Nord - Pas de Calais. Le maire de Roost-Warendin, qui croit au bois, n’en manie pas la langue... "L’initiative a été régulièrement évoquée et critiquée au cours de la campagne électorale des municipales, reconnaît-il volontiers. Mais la population a aussi manifesté son intérêt pour la réalisation à l’occasion d’une "porte ouverte". Les habitants présents étaient fiers que la commune se soit dotée d’un tel outil". A noter que l’initiative de Roost-Warendin a reçu le prix Chloro’Ville lors du salon Environord 2014. "Sur le plan technique, nous avons vécu une saison de mise en route, de calage, de réglage, poursuit le maire. Nous avons même connu quelques pannes, sans incidence sur le confort des occupants". La chaufferie bois a quand même fourni 50 % de l’énergie nécessaire, ce qui a engendré une économie d’environ 12 000 € par rapport à une solution tout au gaz (soit un tiers de la facture ancienne).
Au moins y réfléchir...
La performance du système est encore difficile à apprécier. L’hiver 2013-2014 n’a pas été rigoureux. La restructuration du groupe scolaire ne s’achèvera pas avant 2015. Par ailleurs, tous les bâtiments desservis n’ont pas encore fait l’objet d’améliorations énergétiques. Des panneaux solaires thermiques ont été posés sur le réfectoire mais l’isolation de la mairie et des ateliers municipaux sont seulement envisagées pour la période 2015-2020. En tout état de cause, la société chargée par la mairie d’exploiter l’installation (gestion, entretien, fourniture de plaquettes) est tenue par contrat à une limitation de consommation d’énergie, correspondant aux calculs du conseil en énergie partagé. "Nous avançons progressivement, au rythme d’une petite ville, mais c’est une belle aventure, expose Lionel Courdavault. Je la crois reproductible même si chaque collectivité doit aviser en fonction de sa situation particulière. Une chose est sûre : en cette période de disette financière et de crise environnementale, ne pas se poser la question de l’approvisionnement énergétique des bâtiments publics serait une erreur". Des représentants de communes proches comme Vred, Férin, Rieulay, Somain, ou plus lointaines comme Saint-Laurent-Blangy et Bourbourg, sont déjà venus visiter l’installation de Roost-Warendin pour y puiser peut-être inspiration...
Ce qu'il faut retenir
Ce projet-vitrine de réhabilitation ambitieuse d’un groupe scolaire, avec mise en place d’un réseau de chaleur, s’intègre dans une dynamique territoriale climat visant la mutualisation à l’échelle d’un territoire de projet.
FICHE D'IDENTITÉ
Titre de l'action | Rénovation et extension du groupe scolaire Roger Salengro en haute qualité environnemenale et création d’un réseau de chaleur desservant l’établissement et cinq autres bâtiments publics |
Lieu/échelle d'intervention | Ville de Roost-Warendin |
Identification du porteur de projet | Ville de Roost-Warendin
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Partenaires | ADEME et Conseil régional Nord-Pas de Calais |
Indicateurs de moyens et de résultats |
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Période de réalisation | 2013 à 2015 |
Bénéficiaires / cibles de l'action | Habitants |
Documents de référence disponibles |
Sur le terrain
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