Mis à jour le 27 avril 2021

L'outil fondé il y a plus de quarante ans pour développer le potentiel de la côte de la Somme a accompagné le territoire dans toutes ses mutations. Il est aujourd'hui l'un des garants essentiels d'une cohabitation réussie entre tourisme, environnement, protection des ressources et activités locales.

Parc Ornitho Baie de Somme
Le parc ornithologique du Marquenterre © Syndicat mi...

La Baie de Somme est un "Grand site national", labellisé comme une quinzaine de territoires en France, pour sa beauté, ses qualités environnementales et son pouvoir d'attraction. Et pourtant, qui connaissait et fréquentait l'estuaire il y a quarante ans ? Seulement les habitants de Picardie et du Nord - Pas de Calais, dont quelques milliers venaient y passer des vacances, l'été, en camping le plus souvent... C'est dans ce paysage peu valorisé qu'a été fondé, en 1974, le syndicat mixte d'aménagement de la côte picarde, devenu plus tard syndicat mixte Baie de Somme Grand littoral picard. L’État n'a pas été pour rien dans cette création et le Département de la Somme a d'emblée pris une grande part dans son fonctionnement, au côté des représentants de dix-huit communes littorales.

Prise de conscience "naturelle"

A partir des années 80, les acteurs du territoire ont cherché à exploiter le potentiel local. Avec une réponse propre à l'époque : la réalisation d'équipements. Ainsi, le promoteur Pierre et Vacances a décidé d'implanter un village-vacances, complété par un golf et un centre aquatique, à Fort-Mahon. Tout semblait l'inciter à s'installer près de la mer. Mais à la faveur d'une prise de conscience naissante et du début d'une politique de préservation, les constructions ont été localisées en retrait de la plage et le site dunaire sauvé du béton a été acquis par le Conservatoire du littoral en 1990.

Sébastien Desanlis Syndicat Mixte Baie de Somme
Sébastien Desanlis, directeur de l'environnement du syndicat mixte © Bertrand Verfaillie

L'évolution de la société en faveur d'un tourisme composant avec la nature a conduit le Département à déléguer son droit de préemption à ce même Conservatoire du littoral. Et aujourd'hui, à peine 15 % de la côte samarienne sont urbanisés ; le reste est préservé. "Les maires encore réticents ont réalisé que la nature n'était pas seulement source de coûts d'entretien mais qu'elle pouvait générer des richesses, pour peu qu'on l'aménage et qu'on fournisse aux usagers des services pour l'approcher sans l'impacter", relate Sébastien Desanlis, directeur de l'environnement du syndicat mixte. Cette démarche est appliquée au Parc du Marquenterre, depuis que le syndicat est chargé de sa gestion en 2002. Des découvertes guidées de la fameuse réserve ornithologique et des prestations complémentaires (restauration) sont proposées au public...

Les effets du tourisme de masse

Au début de ce siècle, la Baie de Somme est définitivement sortie de l'anonymat. Des infrastructures inaugurées quelques années plus tôt comme l'A16 et la ligne ferroviaire Paris-Boulogne ont produit leur effet de désenclavement. Les plages et les falaises picardes se sont retrouvées au contact de 12 millions d'habitants vivant à moins de 150 kilomètres. Désormais, la côte reçoit 2 millions de visiteurs par an, non plus seulement l'été mais sur 8 mois. Cette massification du tourisme, insuffisamment encadrée, a provoqué des dégradations de l'environnement : voitures garées trop près des sites, piétinements de la flore ou dérangements de la faune, conflits d'usage avec les chasseurs. Certains habitants du territoire ont commencé à se plaindre d'atteintes à leur qualité de vie et ont manifesté quelques signes de rejet à l'égard des visiteurs...

Baie de Somme Paysage
Paysage Baie de Somme © B.Bremer

L'effet levier du Grand Site

Il fallait éviter de tuer la poule aux œufs d'or et remettre l'activité touristique dans le sens du développement durable. Comme indiqué plus haut, la réaction a pris la forme d'une opération Grand Site, engagée en 2001 sur décision interministérielle. Le syndicat Baie de Somme a travaillé avec des bureaux d'études pour établir un plan de gestion à la hauteur des enjeux. En 2006, un premier programme a été publié, cernant la valeur du site et dessinant une stratégie. Il privilégiait l'aménagement et la remise à niveau des lieux en fonction des critères des Grands Sites. C'est ainsi que 10 M€ ont été progressivement investis dans la réalisation de 46 km de pistes et boucles de découverte cyclistes ; un engagement précurseur, qui a fait levier sur les mobilités douces dans le territoire.

Le label Grand site national a été attribué à la Baie en 2011 pour une durée de 6 ans. En 2017, le syndicat mixte a donc demandé le renouvellement de son classement ; son dossier est axé sur le paysage et sur la nécessité de suivre son évolution. La tempête Xynthia est passée par là, en 2010 ; elle a mis en lumière, aux yeux des responsables comme du public, la puissance des éléments et leurs effets parfois dévastateurs sur les régions littorales...

Un PAPI à la rescousse

Florian Bouthors int web
Florian Bouthors, directeur du service aménagement du syndicat mixte © Bertrand Verfaillie

Raison pour laquelle, dès 2011, le syndicat s'est emparé de la question de l'érosion du trait de côte et des risques de submersion marine liés au changement climatique. Profitant des moyens importants débloqués par l'Etat, il a entrepris l'élaboration d'un Programme d'action et de prévention des inondations (PAPI).

"Il a fallu plusieurs années d'études et de concertation pour modéliser des réponses sur un littoral à la topographie, à la géologie et au peuplement très variés", explique Florian Bouthors, directeur du service aménagement du syndicat mixte.

En septembre 2016, le PAPI a été paraphé par toutes les parties prenantes et 49 M€ seront alloués pour le programme d'actions 2016-2021 par l'Europe, l'Etat, la Région Hauts-de-France, le Département de la Somme, les communes et regroupements de communes. La stratégie comporte un volet d'amélioration de la connaissance des risques par la population et les acteurs locaux. Elle prévoit des travaux visant à réduire la vulnérabilité des territoires et favorisant leur résilience et d'autres travaux de sécurisation des personnes, des biens et des sites (digues et autres ouvrages).

Faune, flore et "expérience du lieu"

Au fil des années donc, le syndicat mixte a ajouté des cordes à son arc. Il gère désormais 4 800 hectares d'espaces naturels, dont la partie terrestre de la Réserve Naturelle Nationale de la Baie de Somme. On y trouve 400 plantes d'intérêt régional et 180 espèces remarquables d'animaux. "Nous devons encore mettre en réseau les aires protégées avec les espaces naturels attenants, qui peuvent remplir des fonctions écologiques complémentaires de repos ou d'alimentation pour bon nombre d'oiseaux, observe Sébastien Desanlis. Dans ce but, nous valorisons les prairies, les bocages, les marais dans la frange rétro-littorale (ndr : l'arrière-pays) et dans les vallées, et nous passons des accords de gestion et de maintien des bonnes pratiques avec les usagers, les agriculteurs et même les chasseurs".

Zones humides Baie de Somme
Zones humides © B.Bremer

L'établissement anime aussi les réseaux Ramsar (zones humides) et Natura 2000. En mer, un nouvel acteur vient de faire son apparition avec lequel des collaborations devraient se nouer : le parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d'Opale. Sur terre, le parc naturel régional "Baie de Somme Picardie maritime", couvrant un vaste territoire de 137 communes, est en préfiguration. "Ses attributions en matière de participation des habitants, de valorisation de la nature ordinaire et des activités traditionnelles vont contribuer au développement général", estime Florian Bouthors. "La Baie de Somme se distinguera de tous les territoires proclamés éco-touristiques en proposant des séjours favorisant l'expérience du lieu et le ressourcement", ajoute Sébastien Desanlis.

Bouger les lignes

Reste un dernier objectif : améliorer la gouvernance locale. "La stratégie globale du littoral que nous soutenons s'étend bien au-delà de nos limites administratives, indique Florian Bouthors. Elle concerne deux Régions et de nombreuses collectivités locales de la frange rétro-littorale. Nous serons amenés à passer encore plus de conventions avec ces territoires-partenaires. Dans le périmètre du syndicat lui-même, une communauté d'agglomération et deux communautés de communes ont dorénavant leur mot à dire et doivent prendre leur place". Par ses domaines d'intervention multiples, par son expertise, par son ancrage dans le temps, le syndicat Baie de Somme apparaît en tout cas comme un outil de gestion intégrée fédérateur.

Fiche d'identité

Syndicat mixte Baie de Somme Grand littoral picard, 1 rue de l'Hôtel-Dieu 80100 Abbeville
Création : 1974
Territoire : 18 communes littorales de la Baie de Somme
Nombre de permanents : 46 (hors fonction de gestion d'équipements touristiques)
Budget de fonctionnement : 2,5 M€ (hors fonction de gestion d'équipements touristiques)
Vocation : aménagement, développement touristique et préservation de l'environnement de son territoire.
Partenaires : État, Régions, Europe, Département de la Somme, Agences, collectivités et territoires, habitants et usagers du site.
Ressource : www.baiedesomme.org

Contact

Florian Bouthors, Sébastien Desanlis - T : 03 22 20 60 30
Courriel : sebastiendesanlis@baiedesomme.fr , florianbouthors@baiedesomme.fr

    Objectifs de développement durable

  • 13. Lutte contre le changement climatique
  • 14. Vie aquatique
  • 8. Travail décent et croissance économique

Contribution

Une correction ou un retour à faire ? Une initiative à nous suggérer ?

Contribuez

Sur le terrain

Découvrez ces initiatives sur le terrain avec notre offre de visites DDTour

DDTour, voyages en terre de transitions
Découvrir

Abonnez-vous !Recevez le meilleur de l'information régionale DD & Climat

S'inscrire