Mis à jour le 25 juin 2024

La restauration de l’ancien canal de Mardyck et du parc Jacobsen, dans le Dunkerquois, est un projet exemplaire. Il mêle lutte contre les inondations, préservation de la faune et de la flore mais également amélioration du cadre de vie des habitant·es, tout en valorisant le patrimoine historique. Une vision globale et partagée qui a abouti à une prise en compte renforcée de l’eau dans les projets urbains.

 

L’eau fait partie de l’ADN du Dunkerquois : longtemps déviée et canalisée, elle retrouve aujourd’hui sa place dans le paysage urbain. Elle apporte ses bienfaits à la faune et à  la flore mais aussi aux promeneurs·ses. Les travaux d’aménagement du Canal de Mardyck et du Parc Jacobsen par la Communauté urbaine de Dunkerque (CUD) ont servi de test pour concilier création de Zone d’Expansion de Crue (ZEC) et amélioration de la qualité des milieux aquatiques.

Un projet phare engageant la CUD dans la transition écologique

En prenant la compétence GEMAPI (Gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations) par anticipation en 2016, la CUD a pu réaliser deux études pilotes financées à 70% par l’Agence de l’eau Artois-Picardie, sur deux espaces communautaires : le Bois des Forts et le Parc Jacobsen. L’objectif était de proposer une gestion alternative des espaces mêlant enjeux écologiques, hydrauliques et paysagers. La phase d’étude incluait l’animation de groupes de travail réunissant les parties prenantes du projet en particulier la Région Hauts-de-France, l’Agence de l’eau Artois-Picardie et les directions concernées par les enjeux. La prise en compte des points de vue de chacun a facilité l’émergence de solutions systémiques. 

Les échanges ont contribué à inscrire le réaménagement du site du Parc Jacobsen dans d’autres projets menés par la CUD comme le projet DKBus qui incluait la remise à ciel ouvert de l’ancien canal de Mardyck le long d’un grand boulevard aménagé pour partager la circulation des bus, des piétons, des vélos, des véhicules. Ils ont également permis d’anticiper le plan 200 000 arbres adopté en 2022 avec les plantations dans le parc.

Réaménager pour mieux laisser faire la nature

Les travaux préconisés par les études ont permis de reconnecter le cours d’eau à son environnement. Ils se sont déroulés en quatre phases entre 2019 et 2020.

Remise à ciel ouvert, réaménagement du lit mineur avec le creusement de différentes profondeurs, dépôt de substrats minéraux, restauration des connexions avec le lit majeur, diversification des profils en travers… Toutes ces étapes ont été nécessaires pour renaturer l’ancien canal de Mardyck et remédier aux problématiques hydrauliques. Résultat : création d’habitats diversifiés pour la faune et la flore aquatiques et limitation du risque d’inondation grâce à une vitesse d’écoulement régulée. Ce nouveau paysage riche en biodiversité est aussi plus attrayant pour les promeneur·ses.

Dans un deuxième temps, une lagune a été créée sur le premier étang du Parc Jacobsen. Elle contribue à améliorer la qualité de l’eau en favorisant la phytoépuration, à maintenir la capacité de stockage d’eau mais aussi à diversifier le paysage et les habitats aquatiques (zones de frayères par exemple). Les berges du deuxième étang du parc ont également été réaménagées pour recréer des transitions douces avec les espaces engazonnés afin de  maintenir la capacité de stockage, favoriser la biodiversité et enrichir le paysage. Ces travaux ont notamment été favorables à la Scirpe maritime, espèce végétale d’intérêt patrimonial, présente dans la roselière du troisième étang. 

Les différents types d’habitats créés facilitent la circulation des espèces aquatiques (poissons, écrevisses…). Des arbres ont été plantés et depuis, peu d’interventions sont réalisées afin de laisser la nature reprendre ses droits.

« On ne sait plus comment c’était avant, la végétation est revenue spontanément, c’est réussi car on a l’impression que cela a toujours été comme ça », souligne Anne Le Coeuche, cheffe de projet stratégies à la CUD.

Un nouvel espace réapproprié par les riverain·es

Géré depuis les années 2000 par la Communauté urbaine de Dunkerque, le Parc Jacobsen n’était pas très investi par les riverain·es du site. Il n’avait pas bonne réputation et les jardiniers y intervenaient essentiellement pour assurer la sécurité des arbres du site. Il présentait des désordres hydrauliques avec un terrain de foot régulièrement inondé, des eaux polluées par des dépôts sauvages en amont avec pour conséquence une mortalité piscicole renforcée par la faible oxygénation de l’eau lors des épisodes de forte chaleur. 

Pourtant, ce parc urbain présentait de nombreux atouts : un cadre verdoyant inscrit dans une coulée verte, un ouvrage d’art historique avec l’écluse de l’ancien canal de Mardyck bâti sous Louis XIV, au cœur d’une zone résidentielle.

En complément des travaux de renaturation du canal, des infrastructures pour améliorer l’accueil du public ont été aménagées. Ainsi, de nouveaux cheminements et bancs ont vu le jour, de même que de nouveaux pupitres, réalisés en collaboration avec l’association locale d’histoire, présentent l’écluse Jean Bart. Les entrées du parc ont aussi été retravaillées et un parking a été créé au niveau de l’entrée principale sur un ancien terrain vague. Le parc fait partie des sites référencés pour les sorties natures organisées par le service éco-initiative et le Centre permanent d’initiatives pour l’environnement (CPIE) Flandre Maritime. À l’avenir, il pourra faire l’objet de chantiers participatifs de plantations.

Les habitant·es apprécient ce nouvel espace. Auparavant, les arbres plantés étaient régulièrement endommagés. Depuis les travaux, le soin apporté à l’aménagement, la communication réalisée sur le site, la réappropriation par les riverain·es contribuent au meilleur respect du site.

canal de Maryck vue de haut © CUD
Un cours d’eau reconnecté à son environnement. © CUD

Un projet déclencheur du plan bleu sur le territoire dunkerquois

Ce projet a permis d’inscrire la ressource en eau comme élément structurant du projet de territoire et de montrer l’importance d’en faire un outil de gouvernance transversale, notamment pour toutes les actions en faveur de la biodiversité et la gestion des milieux naturels. L’objectif est de traiter de façon systémique les projets en embarquant l’ensemble des services intervenant dans le domaine de l’eau au sein de la CUD, les partenaires et autres gestionnaires. Un appel à partenaires a été lancé début 2022 pour la prise en compte systématique des eaux de surface dans tous les projets menés sur le territoire pour en préserver la qualité et lutter contre les inondations. Cela concourt au projet d’un territoire résilient et présente de multiples intérêts autour de la prévention des inondations, de la préservation de la biodiversité, de la mise en valeur des espaces publics.

« Dans le plan paysage adopté en septembre 2022, le premier enjeu identifié pour le projet de territoire du dunkerquois a été de redonner à l’eau une place visible puisque nous sommes sur un territoire de polder », précise Fanny Serret, responsable d’unité eau de surface - GEMAPI.

Afin que chacun·e ait bien en tête cette toile de fond pour tous les aménagements entrepris sur le territoire, il est prévu de co-construire un guide qui servira de référence pour les aménageurs publics ou privés. 

La gestion des eaux de surface  se résumait  jusqu’à présent à drainer et évacuer les eaux à la mer (canaux, watergang). Avec le changement climatique et l’augmentation de la fréquence des épisodes de sécheresse, il est important de limiter le phénomène d’évapotranspiration des eaux de surface en période estivale en préservant la biodiversité et en végétalisant les berges. Là encore, les solutions fondées sur la nature sont privilégiées.

En quoi cette initiative est bonne pour l’adaptation au changement climatique ? 

L’aménagement du Parc Jacobsen et de l’ancien canal de Mardyck est un projet exemplaire avec une prise en compte systémique des enjeux. À la lutte contre les inondations et la préservation de la faune et de la flore, s’ajoute l’amélioration du cadre de vie des habitant·es et la valorisation du patrimoine historique. Outre son rôle fonctionnel, ce projet a servi de modèle pour développer de nouveaux modes de collaboration et une nouvelle vision de la place de l’eau dans la ville. 

Le projet en bref

Titre exact de l’opération : Restauration de l’ancien canal de Mardyck et du Parc Jacobsen

Lieu/Échelle de l’action : Saint-Pol-sur-Mer, Communauté urbaine de Dunkerque

Identification du porteur de projet : Communauté urbaine de Dunkerque

Contact : 

Anne Lecoeuche 

Cheffe de projet Stratégies

Direction Qualité de Vie et Environnement mutualisée

Communauté urbaine de Dunkerque

anne.lecoeuche@cud.fr
07 88 96 60 54

Financement : 50% FEDER, 70% Agence de l’Eau Artois Picardie (études)

Partenariat : Agence de l’Eau Artois Picardie, Région Hauts de France, Cerema, Société Dunkerquoise d’Histoire et d’Archéologie 

Date de l’opération : étude démarrée en 2017 (réalisée par VALETUDES et URBA FOLIA)

Durée des travaux : 17 mois (démarrage août 2019, fin de travaux décembre 2020)

Bénéficiaires/cibles de l’action : Habitant·es de la Communauté urbaine de Dunkerque, habitant·es de Saint-Pol-sur-Mer

Le projet en bref

Titre exact de l’opération : Restauration de l’ancien canal de Mardyck et du Parc Jacobsen

Lieu/Échelle de l’action : Saint-Pol-sur-Mer, Communauté urbaine de Dunkerque

Identification du porteur de projet : Communauté urbaine de Dunkerque

Financement : 50% FEDER, 70% Agence de l’Eau Artois Picardie (études)

Partenariat : Agence de l’Eau Artois Picardie, Région Hauts de France, Cerema, Société Dunkerquoise d’Histoire et d’Archéologie 

Date de l’opération : étude démarrée en 2017 (réalisée par VALETUDES et URBA FOLIA)

Durée des travaux : 17 mois (démarrage août 2019, fin de travaux décembre 2020)

Bénéficiaires/cibles de l’action : Habitant·es de la Communauté urbaine de Dunkerque, habitant·es de Saint-Pol-sur-Mer

    Objectifs de développement durable

  • 13. Lutte contre le changement climatique
  • 14. Vie aquatique
  • 15. Vie terrestre

Contact

Anne Lecoeuche 

Cheffe de projet Stratégies

Direction Qualité de Vie et Environnement mutualisée

Communauté urbaine de Dunkerque

anne.lecoeuche@cud.fr
07 88 96 60 54

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