Lire sur le cerdd.org

Mis à jour le 9 avril 2021

Sur les chemins de l'économie de la fonctionnalité et de la coopération (EFC), la Communauté de Communes du Sud-Artois s'en est allée en 2016. Elle y a forgé une approche tournée vers le service et l'usage, à destination des habitants qui veulent rénover leur logement.

Jean-Mari GAINCH © Bertrand Verfaillie
Jean-Mari Gainch © Bertrand Verfaillie

Les actions de la Communauté de Communes du Sud-Artois en matière de logements anciens convergent vers un guichet unique. Ce dispositif est le principal acquis d'une formation-action expérimentale sur l'économie de la fonctionnalité et de la coopération, animée par le CERDD, avec l’appui d’ATEMIS et d’E2I, et suivie par des techniciens et élus du territoire en 2016. Une première pour des collectivités locales ! Il fallait un support concret à cette démarche de progrès et de mobilisation d’acteurs et c'est le sujet de l'habitat qui s'est imposé. Le territoire compte environ 12 000 logements pour une population de 28 500 habitants. Bapaume et 63 autres communes composent un ensemble majoritairement rural où domine la maison individuelle, souvent sans mitoyenneté. Plus de la moitié des logements ont été construits avant 1946 et les deux tiers avant 1971. "Ce sont pour la plupart de grandes habitations, de plus de 100 m2, détaille Jean-Mari Gainche, chargé de mission aménagement du territoire et urbanisme à la Communauté. Beaucoup sont énergivores et certaines sont franchement dégradées. Leur rénovation représente des coûts en travaux importants pour des ménages dont les revenus ne sont pas élevés".

Une OPAH "classique"

Le Sud-Artois a fait de l'amélioration de l'habitat et de la lutte contre la précarité énergétique une de ses priorités. En 2011, une OPAH (Opération Programmée d'Amélioration de l'Habitat) est entrée en vigueur sur une partie du territoire et a été étendue en 2015 à l'échelle de la Communauté. A travers ce programme, les propriétaires occupants qui souhaitaient mieux isoler leur logement, et lui donner un meilleur confort, pouvaient solliciter des financements de l'ANAH (Agence Nationale pour l'Amélioration de l'Habitat) et une aide forfaitaire de l'EPCI. "Les foyers les plus précaires étaient bien touchés mais pas les autres, rapporte Jean-Mari Gainche. Par ailleurs, les dossiers ne portaient que sur le traitement de l'insalubrité, l'isolation des bâtiments, les équipements permettant le maintien à domicile de personnes à mobilité réduite. Mais le système ne donnait pas entièrement satisfaction. Finalement, l'OPAH traitait surtout les enveloppes sans vraiment s'occuper de ceux qui y habitaient. Or on sait qu'un logement remis à neuf peut à nouveau se dégrader rapidement si les comportements des occupants ne sont pas adaptés".

Objectif "Bien vivre"

Pour remédier à ces difficultés de fonctionnement, l'adjonction de quelques gouttes d'économie de la fonctionnalité est apparue pertinente.

"C'est une autre manière de voir les choses et d'agir, poursuit Jean-Mari Gainche, l'un des agents de l'EPCI accompagnés par le CERDD. Au lieu de travailler seulement avec des prestataires privés, de type bureaux d'études, nous avons découvert que nous pouvions élargir le cercle".

Sous la conduite de Véronique Thiébaut, vice-présidente déléguée, l'EPCI a cherché à associer à ses politiques de rénovation des professionnels de santé, des assureurs, des artisans, des représentants de services sociaux et même des banques. Il leur a proposé de mobiliser des "ressources immatérielles", comme le temps, la volonté de faire, le souci du travail bien fait et durable. "Ce n'est plus l'habitat qui est la cible principale mais l'habiter, le bien vivre dans le logement", indique encore le chargé de mission. Bien sûr, ces sollicitations ont rencontré des échos variés parmi les interlocuteurs de la Communauté. Mais à l'interne, le souffle a été suffisamment ample pour déboucher sur des réalisations concrètes.

Agents Guichet Unique Habitat ©CC Sud Artois
Guichet Unique Habitat © CC Sud Artois

Vues du ciel

Un guichet unique a été créé, on l'a dit, en septembre 2016, à destination du grand public, l'idée étant bien sûr de simplifier les parcours des particuliers, souvent perdus entre des informations éparpillées, voire contradictoires. Son lancement a été favorisé par une initiative de l'EPCI : la réalisation d'une thermographie aérienne de son territoire. Les résultats ont été dévoilés lors d'un salon intitulé "Habiter mieux", toujours à l'automne 2016 : plus de 400 personnes sont venues découvrir la "photo" des déperditions énergétiques de leurs habitations et recueillir avis et conseils aux stands et conférences. "La thermographie aérienne est un outil de communication, pour ouvrir le dialogue avec les habitants, indique Jean-Mari Gainche. Il faut expliquer par exemple qu'un cliché montrant une toiture sans fuite n'est pas une garantie de bonne isolation de l'ensemble du bâtiment".

csm_Restitution_grand_public_de_la_thermographie_aerienne__attraction_phare_du_Salon_Habiter_Mieux_avec_388_interpretations_sur_les_2_jours__1__bdc...

Des audits et des malles

A partir de ces premiers contacts, les propriétaires intéressés ont été orientés vers l'OPAH s'ils étaient éligibles aux aides de l'ANAH (logement de plus de quinze ans, acquis depuis plus de deux ans et revenus modestes). 202 ménages ont été soutenus entre 2011 et 2017 pour un montant global de travaux de 3 M€. Les autres candidats à la rénovation se sont vu proposer un audit énergétique et environnemental de leur lieu de résidence. Il leur était demandé une contribution de 162 € seulement, sur un coût de 810 €. Ces diagnostics complets débouchent sur des scénarios chiffrés de travaux et des estimations de retour sur investissement. Les techniciens de l'Espace Info Energie qui effectuent des permanences dans la Communauté les ont aidés ensuite à monter leur projet. Les particuliers peuvent aussi emprunter gratuitement une des deux malles techniques conçues par le Centre Permanent d'Initiatives pour l'Environnement des Villes de l'Artois. Ces caisses à outils branchées contiennent des caméras thermiques et divers instruments de mesure de température, de qualité de l'air, d'hygrométrie, de consommation électrique. Muni d'un mode d'emploi et dûment briefé, l'utilisateur peut réaliser un auto-diagnostic de son domicile.

Caméra thermographique
Stand CPIE - Caméra thermographique © CC Sud Artois

Rendre (encore) mieux service

Sur le plan quantitatif, certains résultats n'ont pas été à la hauteur des espoirs. Alors que l'EPCI était prêt à co-financer 150 audits, il n'en a conventionné que 25 en 18 mois. Le déclic rénovation reste difficile à enclencher... Par ailleurs, des idées intéressantes n'ont pu être concrétisées : celle d'un groupement d'entreprises qui aurait fourni des prestations globales aux ménages demandeurs de travaux ou celle d'une charte des pratiques professionnelles (devis dans les mêmes termes, engagement de délais, etc) susceptible de renforcer la confiance des clients potentiels. La charge de travail des artisans était trop importante pour qu'ils s'engagent dans de telles démarches de coopération. Enfin, avec le temps, certains décideurs et acteurs en sont revenus à des méthodes anciennes. Mais dans la préparation de la nouvelle OPAH, qui doit être lancée cet automne 2018, les valeurs de l'économie de la fonctionnalité sont toujours présentes, affirme Jean-Mari Gainche. "Nous voulons rendre mieux service aux gens". A travers son guichet habitat, l'EPCI pourrait être encore plus présent auprès des volontaires de la rénovation. "Plutôt que de les envoyer vers un bureau d'études, nous pourrions "garder le contact", aider directement les intéressés  dans la construction de leurs dossiers et les suivre au cours de leurs chantiers". L'exécutif de la Communauté de Communes examinera ces options au cours des prochains mois. De nouvelles dispositions pratiques, et de nouvelles relations entre la Communauté de Communes et les habitants du territoire, pourraient être "inaugurées" lors de la deuxième édition du salon "Habiter mieux" prévue à la fin du mois de septembre 2018.

Identité

  • Communauté de communes de Sud-Artois, 5 rue Neuve, 62450 Bapaume
  • 64 communes
  • Création : 2013
  • Président : Jean-Jacques Cottel
  • Nombre de salariés : 49
  • Budget : 13 M€
  • Action évoquée dans la fiche : application des principes de l'économie de la fonctionnalité et de la coopération à la politique d'aide à la rénovation de l'habitat ancien.
  • Partenaires : CNFPT, CERDD, ATEMIS, E2I
  • Ressources : http://www.cc-sudartois.fr

 

Contact

Jean-Mari Gainche - T : 03.21.59.17.17

Courriel : jmgainche@cc-sudartois.fr

>> aller plus loin : Rubrique Économie de la Fonctionnalité et de la Coopération

    Objectifs de développement durable

  • 10. Réduction des inégalités
  • 8. Travail décent et croissance économique
  • 9. Industrie, innovation et infrastructure

Contribution

Une correction ou un retour à faire ? Une initiative à nous suggérer ?

Contribuez

Sur le terrain

Découvrez ces initiatives sur le terrain avec notre offre de visites DDTour

DDTour, voyages en terre de transitions
Découvrir

Abonnez-vous !Recevez le meilleur de l'information régionale DD & Climat

S'inscrire