Humanicité se veut un nouveau quartier vertueux sur le plan de l’aménagement. Mais ce qui fait la différence de ce projet porté par l’université Catholique de Lille, par rapport à des modèles très théoriques d’écoquartiers, c’est de se préoccuper... du vivre ensemble.
CONTEXTE et descriptif de l'action
L’idée d’Humanicité est née avec le siècle. Derrière l’hôpital Saint-Philibert dont elle est gestionnaire, à cheval sur les territoires de Lomme et de Capinghem, l’université catholique de Lille a entrepris de réaliser un ensemble urbain mixant habitat et activité d’accueil et de soin.
ANALYSE DE LA DÉMARCHE
Six îlots pour 900 logements
L’aménagement de ces quinze hectares (hôpital compris) devait s’inscrire dans une opération d’urbanisme beaucoup plus large, dénommée Tournebride. Suite à des oppositions apparues dans la commune de Capinghem, Lille-Métropole communauté urbaine a dû réviser ses ambitions : Tournebride est à l’arrêt. La Catho, néanmoins, a poursuivi son projet d’écoquartier pilote et a demandé à l’architecte-urbaniste lillois Hubert Maes de le décliner en plans et en échéanciers. La première pierre du premier bâtiment d’Humanicité a été posée en 2009. Aujourd’hui, le chantier est bien avancé. Deux îlots sont construits et deux autres ensembles d’immeubles sont en cours de livraison. Les travaux du cinquième et du sixième îlots débuteront respectivement cet automne et au début de 2015. A terme, Humanicité rassemblera une douzaine d’établissements et de services sanitaires, médicosociaux ou de formation ainsi que des commerces. Et environ 2 300 personnes y vivront dans 900 logements collectifs de différents statuts, y compris des logements sociaux.
Des ateliers du vivre ensemble
D’ores et déjà, les flux sont importants dans le quartier. En avril 2013, l’Université Catholique a estimé qu’il était temps de créer "Les Ateliers d’Humanicité", outil d’accompagnement au développement du "vivre ensemble" ; encore dénommé "living lab" ou "laboratoire d’usage". Le directeur en est Stéphane Soyez ; il est assisté d’une salariée. La structure, qui bénéficie du soutien financier de LMCU et de l’entreprise AG2R, est pilotée par un comité stratégique où l’on retrouve porteurs et acteurs du quartier. Au sein de ces "Ateliers", fonctionnent deux groupes opérationnels. Le "groupe "ressources", mobilise "l’écosystème de la Catho", résume Stéphane Soyez. Autrement dit, l’ensemble de ses organismes de formation, de ses centres de recherche et de ses entreprises partenaires, susceptibles d’intervenir dans le quartier. Le deuxième groupe, dit de "mutualisation", organise l’échange et la coopération entre les entreprises et les établissements installés sur le territoire d’Humanicité.
Les voitures au départ
Le dossier qui s’est imposé d’emblée à ce groupe "mutualisation", est celui de la circulation et du stationnement. Si vous devez vous rendre à Humanicité en voiture, il se peut que ayez de la peine à vous garer... Et alors, dira-t-on, n’est-ce pas la caractéristique d’un écoquartier que de limiter la place des véhicules à moteur, en marche et à l’arrêt ? Surtout quand l’endroit est parfaitement desservi par une station de métro... Certes, répond Stéphane Soyez, mais les aléas de l’aménagement ont compliqué la donne. Le parking-silo que la communauté urbaine devait réaliser est reporté et les parkings souterrains des îlots ne suffisent pas à absorber le flot de véhicules. "Qui plus est, les différentes catégories d’automobilistes ont des intérêts divergents. Heureusement, tout le monde partage le même objectif : que la situation s’améliore".
Un plan local de déplacements
La décision a donc été prise de construire un plan de déplacements de quartier. Pour réaliser l’étude, le centre d’études et de recherche de l’Université Catholique (CRESGE) était tout désigné. "Mais encore fallait-il inventer une méthodologie et une gouvernance", souligne Stéphane Soyez. Successivement, ont été constitués un comité de pilotage réunissant les décideurs et financeurs (représentants des établissements, syndics d’immeubles, bailleurs), un comité technique et un comité des partenaires (avec les collectivités, notamment les Villes de Lomme et Capinghem, et l’exploitant du réseau de transport). Une bonne vingtaine de fiches-actions ont été établies et se sont traduites en mesures concrètes : une remise à plat du fléchage pour automobiles et piétons, la création d’un parking provisoire en fond de quartier, des enrochements sur certaines voies. Des réflexions se poursuivent sur le contrôle des interdictions de stationner ou encore, sur l’amélioration de l’éclairage public aux abords de la station de métro. Les habitants, pour l’heure, ne sont pas très présents dans le processus. "Ils sont encore dans leurs cartons", indique Stéphane Soyez ; mais l’animateur des Ateliers d’Humanicité ne renonce pas à associer des volontaires, s’il s’en présente...
Les déchets à leur place
Ainsi le living lab s’efforce-t-il de "produire de l’innovation sociale en partant du fonctionnement et des dysfonctionnements du quartier". La question, brûlante, des déplacements lui a servi de galop d’essai. Le prochain sujet à son ordre du jour sera celui des déchets. Chaque mise en service et occupation d’immeuble, depuis le lancement du projet, s’est accompagnée de difficultés dans ce domaine. Comment les prévenir dans la suite de l’urbanisation et comment ordonner durablement les collectes ordinaires et spécifiques (par exemple, celle des déchets de soin) ? Les "Ateliers d’Humanicité" ouvriront bientôt le dossier. Cela commencera sans doute par une étape de diagnostic ; ensuite, les acteurs concernés choisiront la meilleure organisation pour traiter la question et trouver des solutions. Le pragmastisme et l’efficacité doivent prévaloir.
Mixité et accessibilité pour tous
A ces dimensions opérationnelles, la cellule animée par Stéphane Soyez ajoute une fonction stratégique : elle est chargée par l’Université Catholique d’évaluer l’expérience Humanicité. Un observatoire du quartier est en construction. Au coeur de cette évaluation, se trouvera le pari de la mixité et de l’inclusion. C’est ce qui fait vraiment le sens de ce quartier, affirme Stéphane Soyez, au moins autant que sa densité bâtie, les performances thermiques de ses immeubles ou ses aménagements paysagers. L’ambition est bien de créer de la ville harmonieuse, en rassemblant des populations de toutes catégories sociales, de tous âges, de tous niveaux d’activité, dont des personnes malades et en situation de handicap. "Humanicité n’est pas un quartier dédié aux personnes fragiles, il n’y en aura pas plus qu’ailleurs. Mais c’est un lieu où ces hommes et femmes auront leur place et seront intégrés à la vie commune". Ici encore, les choses en sont à leur début. Des questions difficiles doivent être étudiées, comme celle de la participation sociale des personnes fragiles (dépendantes ou malades), confiée à une équipe de recherche spécifique. Mais l’université est décidée à poursuivre dans cette direction. Cela relève de "sa mission" et de "sa tradition humaniste et chrétienne", exposent les promoteurs du quartier en exergue de leur dernier document de présentation...
En résumé...
Écoquartier Humanicité à Lomme-Capinghem : la vie, un mode d’emploi à écrire
Titre de l'action | Écoquartier Humanicité à Lomme-Capinghem : la vie, un mode d’emploi à écrire |
Lieu/échelle d'intervention | Stratégie de ville et de territoire. |
Identification du porteur de projet |
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Partenaires | |
Indicateurs de moyens et de résultats |
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Période de réalisation |
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Bénéficiaires / cibles de l'action | Tous les acteurs du territoire |
Documents de référence disponibles |
Sur le terrain
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