Grâce à un financement de l'ADEME, le syndicat de valorisation des déchets de l'Aisne a pu développer de multiples actions lui permettant d'accélérer les changements de comportements, auprès du grand public comme des acteur·rices économiques. De nouvelles pistes se dessinent !
Le CODEC, Contrat d'Objectifs Déchets Économie Circulaire, est une démarche territoriale proposée par l'ADEME, bien moins connue que d'autres dispositifs. « Peut-être parce que le paiement du dernier tiers dépend de l'atteinte des objectifs ? » s'interroge Delphine Bourgeois, responsable de l'économie circulaire chez Valor'Aisne, le syndicat départemental de traitement des déchets ménagers de l'Aisne qui vient de bénéficier du dispositif et en reconduit les actions.
Valor'Aisne a été créé en 2003 à l’initiative du Conseil départemental ; 14 collectivités lui délèguent leur compétence en matière de traitement des déchets qu'elles continuent à collecter auprès de 96% de la population du département, soit environ 531 000 habitant·es. Ainsi en 2020, 256 000 tonnes de déchets ménagers issues des collectes en porte à porte ou en déchetterie ont été traitées.
De par ses missions, Valor’Aisne se positionne donc comme un acteur du développement durable et mène bien sûr des réflexions sur leur réduction et leur valorisation. Avant de rentrer dans la démarche CODEC, le syndicat avait mis en place un contrat d'objectifs territorial déchets, de 2011 à 2014, puis des actions de prévention. « Mais nous avons eu envie d'initier une dynamique d'économie circulaire à l'échelle du département, explique Delphine Bourgeois. Comme nous ne sommes pas collecteurs, toute la difficulté était de ne pas aller sur les actions des collectivités, et de jouer la complémentarité ». Un pari d'autant plus complexe que les collectivités de l'Aisne diffèrent dans leurs fonctionnements de collecte.
Un programme pour se structurer
Un CODEC s'étale sur trois années. L'aide financière de l'ADEME est plafonnée à 450 000 euros, avec un montant fixe de 270 000 € plus un montant variable de 180 000 € maximum, lié à l'atteinte des objectifs fixés. Valor'Aisne a commencé en janvier 2018. « Vraiment, ce programme nous a permis de structurer les choses, explique Delphine Bourgeois, de nous fixer des objectifs, les suivre régulièrement, et faire des bilans assez poussés. Nous nous sommes senti·es assez libres : les premiers objectifs proposés ont été actés mais ensuite, au fil de notre expérience, nous avons pu les faire évoluer, selon les opportunités qui se sont présentées».
Le Codec leur a en particulier permis de financer des études, notamment avec l'intervention d'un bureau spécialisé, ainsi qu'un poste de chargé·e de mission.
« Notre idée en fait était de co-construire avec les acteur·rices, pour trouver des filières adaptées à nos orientations, dit encore notre interlocutrice. Au départ, nous avons pris six mois pour faire le tour de tous les acteur·rices , pour présenter et expliquer la démarche, écouter leurs attentes et besoins, réajuster... C'était assez chronophage mais c'était indispensable, cela nous a permis de tisser des liens, de fédérer... Il y a toujours eu du monde à nos comités de pilotage, alors que la principale difficulté, justement, c'est que tout le monde se sente concerné ! »
Changer les comportements
Les champs d'actions menées ont été très vastes : sensibilisation du grand public, réalisation d'un forum du zéro déchet coordonné avec une collectivité, création d'un jeu sur l'économie circulaire, partenariat avec l'éducation nationale pour sensibiliser les élèves de cycle 3 et leurs enseignant·es à la prévention et au tri des déchets. « Nous visons le changement de comportement, les nouvelles façons de consommer ». Ont aussi été organisées trois formations mutualisées, gratuites, à destination des animateur·rices pour leur permettre de sensibiliser le grand public.
Les études étaient bien sûr destinées à apporter des changements concrets. L'une porte sur la caractérisation des ordures ménagères résiduelles afin d'identifier les gisements valorisables y restant (biodéchets, emballages), une autre sur les encombrants déposés en déchetterie afin de déterminer des gisements sur lesquels les acteur·rices de l'ESS pourraient intervenir par la suite.
Des groupes d'échange et de travail ont été menés avec les collectivités axonaises pour créer un véritable réseau de partage d'expériences en matière de gestion des déchets. Un des plus gros projets, baptisé ConcerTO, porte sur les déchets organiques. Il rassemble les parties prenantes de cette filière, en amont comme en aval afin d'encourager toutes les synergies possibles dans le but de collecter séparément les biodéchets, lutter contre le gaspillage alimentaire, sécuriser la filière méthanisation et en créer d'autres pour valoriser au mieux ces matières.
De nouvelles pistes
Valor'Aisne s'était fixé de mobiliser et engager des démarches avec les acteur·rices économiques. « Sans le Codec, nous ne l'aurions jamais fait, affirme Delphine Bourgeois, car notre cœur de métier, ça reste le traitement des déchets ménagers ! Là, nous nous sommes rapproché·es de toutes les chambres consulaires, nous avons pu mener des diagnostics en entreprise, organiser des réunions en soirée, des groupes de travail. Et ce malgré la crise de la covid. Ce sera encore mieux en présentiel. » Tout ce travail a permis de lancer une réelle dynamique, d'autant qu'avec peu de clubs d'entreprises sur le territoire, ces temps de rencontre étaient particulièrement appréciés par les chef·fes d'entreprises, souvent confronté·es à une certaine solitude.
Valor'Aisne espère pouvoir dupliquer à d'autres endroits du département cette démarche d'écologie industrielle et territoriale. « Nous avons déjà trois ou quatre pistes de territoires intéressés, se réjouit Delphine Bourgeois. Nous avons pu montrer que c'était tout à fait réalisable : ce que certain·nes font rend les choses concrètes, donne des idées. Parfois de grands termes sont utilisés pour désigner des démarches assez simples ».
Reconduction
Delphine Bourgeois est très enthousiaste. « La démarche CODEC nous a permis de nous créer de belles opportunités, de travailler de façon extrêmement variée et enrichissante. Je trouve cela vraiment valorisant ! Mon conseil, ce serait surtout de commencer avec les personnes vraiment motivées. Mieux vaut créer des zones pilotes avec elles, pour montrer que ça marche, il est ensuite plus facile de convaincre les personnes qui n'étaient pas mûres, il faut savoir attendre ! »
Le financement n'est pas reconductible, mais l'intérêt des travaux menés a été tel que cette année le syndicat a décidé de financer la poursuite de toutes les démarches entreprises, y compris la reconduction du poste de chargé·e de mission !
FICHE D’IDENTITÉ
Zone concernée : Département de l'Aisne
Structure : Valor'Aisne, syndicat départemental de traitement des déchets ménagers de l'Aisne
Zone du champ du Roy, 3 rue Montaigne CS10667 02000 LAON
Téléphone : 03 23 23 78 20
Contact du porteur de projet : Delphine Bourgeois, responsable de l'économie circulaire et de la communication
Partenaire : ADEME, financement 450.000€
Période de réalisation : de janvier 2018 à décembre 2020
>>> Pour aller plus loin, rendez-vous sur le site internet de Valor'Aisne
>>> Retrouvez ici le rapport d'activité 2019 de Valor'Aisne
Le projet en bref
Zone concernée : Département de l'Aisne
Structure : Valor'Aisne, syndicat départemental de traitement des déchets ménagers de l'Aisne
Zone du champ du Roy, 3 rue Montaigne CS10667 02000 LAON
Téléphone : 03 23 23 78 20
Partenaire : ADEME, financement 450.000€
Période de réalisation : de janvier 2018 à décembre 2020
- 11. Villes et communautés durables
- 12. Consommation et production responsables
- 9. Industrie, innovation et infrastructure
Objectifs de développement durable
Contact
Contact du porteur de projet : Delphine Bourgeois, responsable de l'économie circulaire et de la communication
Sur le terrain
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