Connaissez-vous la différence entre bons et mauvais déchets organiques dans le processus de méthanisation ? D’un côté les bons sous produits, très calorifiques mais chers sur le marché. De l’autre, les déchets gratuits mais beaucoup moins performants. La SCEA Monsterleet a su dépasser cette réalité pour optimiser son unité de méthanisation.
Analyse de l'initiative
La SCEA des frères Laurent et François Monsterleet gère cinq bâtiments avicoles sur deux sites situés à Volckerinckhove en Flandre Maritime. Ils abritent au total 25 400 équivalent volailles et produisent 600 tonnes de fumier par an.
Le fumier fumant tout l’hiver en bordure de champs en attendant l’épandage du printemps leur a donné l’idée d’ouvrir, en 2016, une unité de méthanisation pour valoriser ces sous-produits de leurs ateliers avicoles. En ajoutant l’apport des déchets de quatre autres exploitations voisines, le système devait permettre l’autonomie énergétique des poulaillers industriels, gros consommateurs de chaleur, de chauffer l’habitation située à proximité et de faire tourner le méthaniseur.
Quatre ans plus tard, le système fonctionne comme le business plan l’avait prévu, à deux exceptions près. Le fort développement des méthaniseurs a induit un marché de l’offre et de la demande des déchets qui entame la rentabilité de l’unité. Les « bons » déchets, ceux dont la concentration en gaz est élevée (graisses végétales, sucre... issus de l’industrie agro-alimentaire) se vendent chers en raison du développement massif des méthaniseurs, alors que les « mauvais » déchets (lisiers de porc, fumiers de vache, végétaux…) certes gratuits, produisent moins d’énergie.
Au total, ce sont les 20% de bons déchets payants qui fournissent 50% de gaz du méthaniseur.
Le moteur de co-génération, programmé pour tenir 40 000 heures, a lâché au bout de 30 000 heures. Changement de moteur précoce, entretien et faux frais permanents, surveillance très chronophage de l’installation à H24 …aucun regret du côté de la SCEA Monsterleet. Ces contraintes, aujourd’hui circonscrites, n’empêchent pas un nouveau projet de construction de deux bâtiments avicoles puisque de tous les fumiers, celui des volailles est le plus calorifique.
L’unité de méthanisation fonctionne aujourd’hui de façon optimale et les données chiffrées correspondent, bon an mal an, au business plan initial :
- l’unité digère les 10 000 tonnes de matières organiques entrant dans le méthaniseur
- les 487 200 m3 de biogaz produits dans le post-digesteur sont valorisés dans un moteur de cogénération biogaz de 250 kW et la totalité de la production d’énergie électrique produite par la combustion du biogaz vendue à ERDF
- la production annuelle de chauffage s’élève à 1 943 MWh thermique sous forme d’eau chaude
- le taux d’efficacité énergétique du projet a été estimé à 63 %
Objectifs tenus, process optimisé, déchets bons ou mauvais mais pareillement valorisés..., la diversification souhaitée par la SCEA Monsterleet est attestée.
Fiche identité
Lieu/Échelle de l’action : exploitation agricole
Identification du porteur de projet : SCEA Monsterleet, 19 Cappel Straete Volckerinckhove
Contact : Laurent Monsterleet, co-gérant. Tél : 06 62 76 40 72 Mél : laurent.monsterleet@orange.fr
Montant de l’opération : 1 733 648 €
Indicateurs de moyens et de résultats : économie de 167 tonnes d'équivalent pétrole en production électricité renouvelable et 27 tonnes d'équivalent pétrole en valorisation chaleur par réseau de chaleur / 470 t d’équivalent CO2 par an évitées.
Financement Fonds Chaleur : 274 238 €
Date de l’opération : Avril 2014
Période de réalisation : Juin 2016
Durée de l’opération : 26 mois
Bénéficiaires/cibles de l’action : exploitation agricole, ERDF
Sur le terrain
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