Rencontre avec Sylvain Bernard, chargé de mission de la Maison de l’Emploi.
Analyse de l'initiative
La Maison de l’emploi Lens-Liévin-Hénin-Carvin met en œuvre une démarche innovante d’animation territoriale pour anticiper la transformation des emplois et de la formation dans deux filières de l’économie verte : le bâtiment et la valorisation des déchets.
Les marchés du bâtiment sont promis à de grands bouleversements liés à l’efficacité énergétique et aux énergies renouvelables. La quasi-totalité des salariés du secteur vont voir évoluer leurs métiers. Les entreprises, les organismes de formation, les professionnels de l’emploi et de l’insertion sont-ils préparés à cela ? Pas sûr. Voilà la conviction qui a amené la Maison de l’emploi Lens Liévin Hénin Carvin à proposer un programme d’actions à ses partenaires de l’emploi et de la formation sur la période 2012-2013.
43 Maisons de l’emploi sont sur le pont
Ce programme participe au projet « Maisons de l’Emploi et Développement Durable » que l’ADEME et Alliance Villes Emploi ont initié en 2008. L’idée : faire en sorte que les acteurs locaux de l’emploi, de l’insertion, de l’économie et de la formation professionnelle intègrent les effets attendus par le Grenelle de l’environnement. Quarante-trois Maisons de l’emploi y participent en France, dont sept en région Nord-Pas de Calais : à Valenciennes, Cambrai, Maubeuge, Lille, Dunkerque, Calais et Lens-Liévin-Hénin-Carvin.
Faire bouger toute la filière
Comment faire comprendre en même temps aux acteurs de la filière, spécialistes de l’emploi, entreprises du bâtiment et organismes de formation que les métiers du bâtiment doivent évoluer ? « C’est le jeu de l’ensemble des acteurs qui permet de faire s’emballer la machine », explique Sylvain Bernard, chargé de mission de la Maison de l’Emploi. La méthodologie nationale recommande l’organisation d’ateliers prospectifs. Animés par la Maison de l’emploi, les ateliers ont réuni de vingt-cinq à trente participants sur le territoire de Lens-Hénin et ont débouché sur un plan d’actions à trois ans.
Première étape : sensibiliser les entrepreneurs et créateurs
Ce plan vise d’abord la sensibilisation des acteurs à l’éco-construction. « Sur notre territoire, les donneurs d’ordre ne trouvent pas d’architecte ni de maître d’œuvre capables de répondre à leur demande. L’éco-construction n’est pas du tout une évidence pour les chefs d’entreprise », explique-t-on à la Maison de l’emploi de Lens Liévin Hénin Carvin. Elle a donc organisé des journées de sensibilisation et de formation pour rappeler, d’une part, aux chefs d’entreprise qu’ils doivent se préparer aux évolutions forcées des métiers et, d’autre part, aux donneurs d’ordre leurs obligations en matière de construction respectueuse de l’environnement. Une journée de sensibilisation a été organisée avec le Cd2e (Centre de développement des éco-entreprises) autour de la visite de bâtiments écoconstruits pour les conseillers emplois. Ces derniers ont pu ensuite plus facilement communiquer les évolutions du secteur et des métiers aux demandeurs d’emploi qu’ils accompagnent.
Deuxième étape : adapter et développer la formation
Deuxième étape du plan : développer la formation et les qualifications. « Actuellement, les formations aux éco-matériaux et aux énergies renouvelables sont surtout assurées par les commerciaux des fabricants. Ce n’est pas suffisant pour assurer la transformation du secteur », explique Pauline Desfossez. Pour mettre en évidence les manques et alerter les organismes de formation sur la nécessité de faire évoluer leurs contenus, la Maison de l’emploi a recensé l’existant sur son territoire élargi à Douai, Arras et Béthune. Elle prépare la sortie d’un guide des formations pour le premier trimestre 2013.
La Maison de l’emploi et ses partenaires ont aussi voulu toucher les structures qui accompagnent les créateurs d’entreprise. « Elles doivent orienter les futurs chefs d’entreprise vers les compétences de demain et non dans une voie de garage », expliquent-ils.
Troisième étape : développer l’emploi et identifier les savoir-faire
Troisième étape du programme : développer l’emploi. Les partenaires emploi
- en particulier Pôle Emploi, le Conseil général, les Missions locales et les Plans locaux insertion emploi (PLIE) - ont créé avec la FFB (Fédération Française du Bâtiment) une cellule d’aide au recrutement appelée Batim’Emploi qui a constitué un vivier de main d’œuvre qualifiée. Ces profils pré-identifiés sont capables de répondre immédiatement aux besoins des entreprises.
Pour repérer les individus qui disposent des compétences et savoir-faire de l’éco-construction, deux sessions d’examen sont organisées chaque mois. Près d’un candidat sur deux passe le test avec succès. 72 personnes ont d’ores et déjà été repérées et 22 embauchées. Des formations leur seront proposées pour que leurs savoir-faire restent en adéquation avec de ce que recherchent les entreprises.
Une méthode applicable à d’autres filières porteuses
Début 2013, il restait encore un grand nombre d’actions à mettre en œuvre. Mais déjà les premiers résultats et les premières difficultés étaient exprimés. En premier lieu, la lenteur des transformations agit comme un frein. « Sensibiliser et convaincre le représentant d’une organisation ne suffit pas à la transformer tout entière », exprime Pauline Desfossez, chargée de mission. L’action a néanmoins un avantage incontestable : elle a permis de mettre au point une méthode de travail très partenariale et transférable sur d’autres filières ou métiers d’avenir. Une démarche s’engage d’ailleurs au sein de la Maison de l’emploi sur le thème de la valorisation matière. Le programme d’actions vise, de la même manière, l’accompagnement des employeurs de la filière, l’adaptation de l’offre de formation et la création d’emplois.
Fiche d’identité :
Mobilisation générale pour le bâtiment et la valorisation matière :
- Contact : Pauline Desfossez et Sylvain Bernard, chargés de mission au 03 21 13 10 15
- Date de lancement de l’opération : 1er janvier 2012
- Durée de l’opération : renouvelable 3 ans
- Montant de l’opération : 188 000 €TTC
- Financement : Taux de prise en charge FRAMEE (Région-Ademe) : 50% et autres : communautés d’agglomération)
Sur le terrain
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