En janvier 2016, la coopérative Noriap obtenait pour elle-même et ses filiales Novial et Grap la certification Iso 50001 « Management de l’énergie ». Directement concernés, ses dizaines silos de stockage et de séchage de grains et d’oléagineux ainsi que ses sites dédiés à la nutrition animale (production et transport). Deux ans plus tard, l’entreprise tire un premier bilan positif de cet engagement !
Contexte et descriptif de l’action
Héritière de la longue histoire des coopératives agricoles, la coopérative Noriap compte regroupe aujourd’hui 3 500 adhérents dans la Somme, l’Oise et la Seine maritime. Les activités de la coopérative et de ses filiales englobent 3 périmètres dont le plus important tourne autour de la collecte de céréales (blé, orge, maïs...) et d’oléoprotéagineux (colza, pois, tournesol…), et plus largement des métiers du grain : réception, stockage, conservation, calibrage, séchage… Le reste concerne la production et le transport de produits de nutrition destiné aux animaux, de la production au transport, d’où une consommation énergétique diversifiée :
« La première énergie consommée reste l’électricité, devant le gasoil que nous consommons pour livrer chaque année 300 000 tonnes de produits et le gaz utilisé pour sécher rapidement plusieurs dizaines de milliers de tonnes de produits végétaux », explique Martin Migonney, directeur général de Noriap.
Compétitivité et préoccupations environnementales
Enjeu majeur de compétitivité, le sujet a amené le groupe à se lancer au dernier trimestre 2014-2015 dans une démarche ISO 50001 de certification en management de l’énergie sur un périmètre ambitieux puisqu’il concerne à la fois les 25 sites de stockage et séchage, le siège social de Boves dans la Somme et le pôle « Nutrition animale », soit deux sites de production et l’ensemble de l’activité transport.
En ligne de mire, des préoccupations à la foi environnementales et financières : « le périmètre de cette certification représente 65 % de la facture globale des métiers du grain de la coopérative et de Grap SA », relève Martin Migonney ; « la mise en place d’un référentiel aussi codifié que la norme ISO traduit une stratégie qui vise à mieux utiliser l’énergie que nous consommons et à réduire progressivement notre facture énergétique comme notre impact industriel sur l’environnement. La certification permet de progresser en imposant un cadre normatif et exigeant ».
Analyse de la démarche
Pendant un an, le travail mené en lien avec deux autres coopératives engagées dans une démarche équivalente et engagé avec l’aide de l’organisme de conseil et d’audit Services Coop de France s’est concrétisé par une série d’audits destinés à analyser les consommations en électricité, gaz et gasoil des sites concernés.
« Tout l’enjeu était d’analyser chaque type de consommation pour savoir si nos process étaient bons où s’ils pouvaient être améliorés », observe Martin Migonney.
Sur le plan financier, la certification n’a pas nécessité de gros investissements dans un premier temps. « C’est une fois les tableaux de bord et la grille d’analyse de nos consommations mis en place qu’il faut investir petit à petit pour mettre en place des compteurs divisionnaires, changer des brûleurs… »
Un effort étalé sur plusieurs années mais qui donne déjà ses premiers fruits, l’entreprise commençant à voir ses coûts énergétiques reculer.
Au rayon des difficultés rencontrées, l’entreprise a dû affronter des questionnements propres à ses process industriels, à commencer par les contraintes liées à la conservation des céréales. « Le grain est un organisme vivant et la ventilation qu’implique son stockage varie dans le temps, voire d’un silo à l’autre, en fonction du matériel existant, de son état d’humidité à l’arrivée, de sa températures…»
« Nous cherchons encore l’algorithme capable d’optimiser la ventilation de chaque silo en fonction des caractéristiques du grain qu’il accueille. Il n’existe pas de règles standard et définit un optimum énergétique pour tous les sites prendra encore un ou deux ans, compte tenu de la variété des données d’entrée. Nous progressons petit à petit, ce qui est normal dans une démarche d’amélioration continue. »
Mobilisation générale
À la clef, un pari gagné : le groupe a obtenu la certification recherchée en janvier 2016, dans les délais prévus. Deux ans plus tard, le retour d’expérience fait apparaître toute l’importance de l’engament des dirigeants et de l’implication du personnel dans un processus qui fait évoluer en profondeur les pratiques et les process industriels. Si l’entreprise n’a pas procédé à un ou plusieurs recrutements spécifiques sur des profils particuliers, elle a en revanche mobilisé des salariés déjà en poste dans une série de services : Qualité, Investissements et Maintenance…
« En matière d’énergie, la prise de conscience est générale à plusieurs égards : gâchis, coût, impact environnemental… Dans le groupe, chacun a vite été convaincu de l’importance de tout engager pour mieux faire notre métier, au sein de la direction comme sur le terrain », estime Martin Migonney
qui insiste sur une mobilisation dont l’importance l’a agréablement surpris : « mettre en place un système de gestion des consommations énergétiques a été un formidable catalyseur de motivation. En échangeant et en comparant les pratiques entre les sites, nous avons vu une forme d’émulation se mettre en place entre des salariés bien décidés à faire leur travail de manière plus efficace et plus vertueuse, en s’appuyant sur les bonnes pratiques relevées ici ou là puis en les déclinant. »
Au-delà du périmètre de certification, l’entreprise a entretenu la motivation en lançant une série d’opérations en interne, dont un jeu-concours qui permet à chacun de faire ses propositions d’économie d’énergie, avec l’espoir de gagner différents lots au fil des ans - un vélo électrique cette année.
Avec deux ans de recul, le dirigeant juge que la démarche de son entreprise est largement déclinable à d’autres secteurs : « Nos trois principales motivations sont valables partout ! »
« Je ne connais pas de chef d’entreprise qui ne cherche pas à réduire ses coûts, à améliorer ses process ou à développer une politique responsable en matière de RSE. »
Avec deux conseils supplémentaires : associer le terrain dès le départ et avancer avec d’autres entreprises pour enrichir la démarche, multiplier les expériences et progresser au gré des échanges.
Fiche d’identité
Lieu et échelle de l’action : Hauts-de-France
Nom des structures porteuses : coopérative Noviap
Contact : Céline Leeman-Broyer - cleemanbroyer@noriap.fr
Date de lancement : janvier 2015
Financement : Fonds propres
Bénéficiaires : l’entreprise et le territoire
- 13. Lutte contre le changement climatique
- 17. Partenariats pour la réalisation des objectifs
- 7. Énergie propre et d'un coût abordable
Objectifs de développement durable
Sur le terrain
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