Filiale d’un groupe historiquement axé sur l’automobile, Altermove propose au public urbain de rationaliser ses déplacements en combinant les modes. Et d’avancer ainsi sur la voie de la mobilité durable. Qu’est-ce qui distingue Altermove des autres magasins de deux-roues de la région ? L’étendue de son offre, sans doute, et son implantation au centre de Lille. Mais aussi son concept : Altermove n’est pas qu’un simple distributeur de matériel, c’est "une boutique de déplacement urbain", explique son directeur général, Olivier Lourdel. Et d’ajouter : "la première du genre en France et un modèle sans équivalent exact à l’étranger".
Pour autant, l’idée ne tombe pas du ciel. Elle est le fruit d’une réflexion et d’une évolution de longue date engagées par le groupe Mobivia, auquel appartient Altermove, au côté de Norauto et de Midas notamment. Dès les années quatre-vingt, une politique de mécénat a été menée par l’entreprise, fondée par le nordiste Eric Derville, auprès d’acteurs de l’économie sociale ou de l’humanitaire. A la fin du siècle dernier, les engagements se sont concentrés sur la promotion de la sécurité routière et le respect de l’environnement (valorisation des déchets). En 2002, un premier centre Norauto a été certifié ISO 14001, point de départ d’une politique résolue de développement durable. En 2007, toutes les entreprises membres du groupe ont signé le pacte mondial de l’ONU, comprenant des engagements en termes de protection des ressources naturelles et de droits humains. Mobivia affiche haut sur la toile ses valeurs (partage, entreprendre, performance, respect, authenticité) et publie chaque année depuis 2008 un "rapport de développement durable".
Pas de panacée, un panaché
Altermove est "le pas de plus" sur ce chemin. Une alternative au "tout voiture", principe dont Mobivia a pris conscience des impacts et des limites. Olivier Lourdel, lui-même, incarne cette mutation : s’il a fait le début de sa carrière dans l’automobile, ce sont d’abord ses convictions environnementalistes qui lui ont valu d’être recruté comme porteur du projet, lancé, en octobre 2010, à la rencontre des besoins des consommateurs et à la recherche d’un équilibre économique.
Le slogan d’Altermove est "bouger durable". "Cela ne signifie pas revenir à l’âge de pierre mais se poser la question de l’utilité et de la forme de ses déplacements, expose Olivier Lourdel. Pour nous, il n’y a pas de moyens de transport intrinsèquement mauvais mais il peut y avoir des moyens inadéquats. Deuxième élément de notre credo : il n’existe pas de solution miracle unique mais un éventail de possibilités et de combinaisons multi-modales, qui vont de la voiture jusqu’à la marche, en passant par le scooter et le vélo électrique".
L’enseigne occupe 1 000 m2 au rez-de-chaussée d’un immeuble qui abrita longtemps "Les nouvelles galeries", rue Nationale, au cœur de la capitale des Flandres. Deux types de clients s’y présentent depuis la date d’ouverture. D’abord, les convaincus. Ceux-là ont décidé de changer leur manière de se déplacer, ou veulent encore améliorer sa pertinence. Ils viennent acheter un scooter, un vélo, de ville, électrique ou pliant, un tricycle adapté aux personnes à mobilité réduite, une trottinette, des rollers, des accessoires, des pièces… Ou encore, ils font réparer leurs montures dans l’atelier installé dans le magasin.
Des solutions de mobilité personnalisées
D’autres consommateurs sont simplement mus par la curiosité ou un vague désir de mieux faire, ou une recherche de conseil. Ils ont entre 30 et 60 ans, selon les premiers relevés d’Altermove ; ils appartiennent plutôt aux catégories socio-professionnelles moyennes et supérieures, quoique la société n’en fasse pas une cible exclusive. "Nous leur proposons d’effectuer un diagnostic de mobilité sur ordinateur, indique Olivier Lourdel. Nous établissons un bilan financier de leurs déplacements, nous en mesurons l’impact environnemental et nous calculons le temps qu’ils y passent". En général, les sondés sont surpris de ce que leur coûte leur voiture… "Notre approche n’est pas du tout culpabilisante, poursuit le directeur. Nous pointons seulement l’ego-mobilité, c’est-à-dire le fait de se déplacer en ville, sur moins de vingt kilomètres, seul, dans un véhicule dont on est l’exclusif propriétaire. A ce modèle un peu caricatural, nous opposons les alternatives de l’éco-mobilité". Le déplacement durable ne passe pas forcément par un achat. "Il n’est pas très rationnel d’être propriétaire de tous les moyens de transport dont on a besoin", souligne Altermove. La société propose donc une batterie de services qu’elle développe avec divers opérateurs : auto-partage, co-voiturage, recours à des chauffeurs, location de deux roues et de voitures avec ou sans permis, vente d’abonnements de transports collectifs urbains (et bientôt de train), auxquels il faut ajouter des offres d’assurance et de crédit.
Plus il y a de vélos…
Signe de cette approche multi-focale : Olivier Lourdel a tenu à ce qu’une station de V’Lille s’installe juste devant sa vitrine. "Plus il y a de vélos, plus il y a de vélos, résume-t-il. Le service a un effet d’entraînement : il incite à la pratique de la bicyclette et les nouveaux utilisateurs s’équipent chez nous"
La filiale de Mobivia vend des deux roues de toutes tailles et de tous types. Certains engins ajoutent style et couleurs vives à la fonctionnalité et au confort, ouvrant ainsi un espace au plaisir d’achat. Ce sont des modèles solides, pas des objets jetables, explique-t-on dans le magasin lillois. D’où proviennent-ils ? "Nous souhaitons acheter le plus possible européen car les process de fabrication comptent dans les bilans carbone des produits, mais ce n’est pas toujours possible, déclare Olivier Lourdel. 99 % des composants des vélos assemblés en France, par exemple, sont fabriqués en Asie. Et pour l’heure, il n’y a plus de fabrication française, hors de quelques exceptions relevant de l’économie sociale et de l’aide par le travail".
Le directeur refuse de donner des indications sur le chiffre d’affaires de l’enseigne. "Nous avons la preuve que notre profession de foi et notre modèle économique sont justes et conciliables. Mais cela reste un métier difficile, autour de produits très techniques, avec beaucoup de stocks et des exigences de formation du personnel". Dix-huit salariés travaillent à Lille. Dix sont attachés au magasin et les autres constituent le service central de la société. La marque Altermove a vocation à se développer : une ou deux créations de magasins devraient intervenir ces prochains mois, dans le Nord–Pas de Calais ou ailleurs, mais toujours dans le tissu urbain.
FICHE D'IDENTITÉ
Acteur : Altermove (SAS)
Activité : vente ou location de matériels et fourniture de services dédiés au déplacement urbain durable
Contact : Olivier Lourdel
Tél : 03 62 84 01 01
Courriel : contact@altermove.com / lille@altermove.com
Site : www.altermove.com
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