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Mis à jour le 25 juillet 2016

Rencontre avec Pierre Wolf, gérant de la SCIC SARL "La Baraka".

Analyse de l'initiative

Le restaurant « La Baraka » ouvert en février 2012 à Roubaix déploie son projet dans toutes les directions du développement durable. Le tout dans une démarche coopérative.

L’ancienne parcelle abandonnée en angle de rue dans le centre-ville de Roubaix deviendra à n’en pas douter un lieu fréquenté des Roubaisiens dès 2012. Restaurant, bâtiment bioclimatique, lieu de rencontres et d’échanges, puits de nature en ville… Ce projet innovant sur le plan social et environnemental vaut le détour. Il est le fruit du travail mené depuis trois ans par les 82 actionnaires de la société coopérative d’intérêt collectif « Baraka ». Ces habitants du quartier représentés par Pierre Wolf, gérant de la coopérative, ont lancé la construction d’un immeuble de trois étages sur un terrain de 129 m2 acquis auprès de la Mairie de Roubaix. Celui-ci accueille au rez-de-chaussée un restaurant, au premier étage une salle à vocation multiple et au deuxième des bureaux.

Une maison de quartier d’essence privée

Ce projet de restaurant a germé dans les cuisines d’un autre lieu de restauration roubaisien : « A l’Univers », restaurant associatif qualifié de « cantine du coeur ». Plusieurs membres de l’association « L’Univers » ont fondé la société coopérative « Baraka » pour mener ce projet et rallier d’autres sociétaires. Chacun a acquis des parts de la SCIC (de 1 à 1500) et possède une voix à l’assemblée générale. Il y a parmi eux des profs, des retraités, des chômeurs, des salariés, des fonctionnaires, des professions libérales, des chefs d’entreprise... Ensemble, ils financent le projet à hauteur de 200 000 euros. 200 000 euros supplémentaires ont été apportés par des subventions et les 420 000 euros restants proviennent de prêts bancaires.

Créer de l’emploi

« A l’Univers » comme à la « Baraka », la motivation première des fondateurs est de créer de l’emploi et du lien social. L’idée est de mettre le marchand au service du non-marchand. Des emplois seront créés : entre cinq et dix pour l’activité de restauration, qui offriront un débouché aux salariés du chantier école de « l’Univers ». La restauration permettra ainsi à la coopérative de mener ses activités sociales et solidaires de manière autonome et sans subvention. « Trente mille personnes travaillent chaque jour à Roubaix dont onze mille cadres. Notre objectif est d’en séduire chaque midi au moins soixante-dix », explique Pierre Wolf. Pour cela, La Baraka proposera des produits exclusivement frais et locaux et majoritairement bio.

Des Roubaisiens formés à l’éco-construction et à l’auto-construction

En plus du restaurant, le projet instaure des activités ouvertes à tous autour de l’alimentation, des jardins au carré, de l’auto-construction, de la culture et du lien. Ainsi avant de devenir ce lieu où l’on pourra manger ou se ressourcer, la Coopérative Baraka a invité les habitants à se former gratuitement à l’éco-construction. Une partie de la construction du bâtiment bioclimatique a donc été réalisée par les membres de la coopérative et des voisins.

Des modules de formation sur l’isolation par la paille, la ouate de cellulose, la pose d’un bardage ou les enduits naturels ont été délivrés gratuitement par des spécialistes en échange d’une participation aux travaux. Les chantiers participatifs, encadrés par le centre de formation "Chênelet développement", se sont déroulés de mi-juin à mi-septembre 2011. En septembre, 77 personnes dont une quarantaine résidant zone urbaine sensible (ZUS) en ont bénéficié.

Un bâtiment bioclimatique

Le bâtiment présente donc en lui-même beaucoup d’intérêts. La construction en ossature bois, isolation paille et bardage extérieur bois consomme la moitié de la référence règlementaire. Le bois, présent partout, est sourcé dans la région et choisi dans des essences locales. Le maître d’ouvrage a retenu comme autres choix techniques une ventilation double flux avec récupération de chaleur pour chauffer l’air entrant, des façades exposées, des enduits intérieurs réalisés à la chaux, des panneaux solaires pour préchauffer l’eau chaude sanitaire. Cette conception de maison passive répond aux exigences de l’appel à projet de l’Ademe, qui réclame une consommation d’énergie primaire de 5kWh/m2, pour le chauffage, le refroidissement, la ventilation, la production d’ECS et l’éclairage des locaux. Dans ce quartier dense en habitat, la Baraka aussi va réintroduire de la nature : un point de compostage des déchets du jardin et du restaurant, une ruche, un hôtel à insectes et des nichoirs à oiseaux.

« Cette réalisation née de la mobilisation citoyenne des habitants est porteuse d’espoir. Elle prouve qu’on peut se bouger, y compris dans les quartiers désargentés, et agir sur de grandes problématiques comme le climat ou le chômage », exprime Pierre Wolf.

Fiche d’identité

Construction de qualité énergétique et environnementale d’un équipement multi-fonctionnel

  • Contact : Pierre Wolf, gérant de la SCIC SARL « La Baraka » au 06 63 73 26 58
  • Date de lancement de l’opération : avril 2011
  • Durée de l’opération : 10 mois
  • Montant de l’opération : 816 200 €HT
  • Financement FRAMEE : 18 %
  • Nom de la structure La Baraka

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